Pièces détachées/Un ange passe

Paris 20e
du 21 mars au 29 avril 2000

Pièces détachées/Un ange passe

CLASSIQUE Terminé

Deux personnages dans un décor unique, une scène de théâtre vide. Une comédienne aveuglée par les lumières pourtant lointaines de la réussite, ne reconnaît pas sa chance et marche dessus.

Un ange passe.
Intention de mise en scène
Pièces détachées
Le vingtième siècle...
Abrège !
Cancanblabla
Histoire d'un vieux jour 44/94

Un ange passe.

Pièce en un acte de 30 minutes.

Deux personnages dans un décor unique, une scène de théâtre vide. Une comédienne aveuglée par les lumières pourtant lointaines de la réussite, ne reconnaît pas sa chance et marche dessus.

Intention de mise en scène

Deux femmes. Une éblouie par un devenir qui la ronge. L'autre, partagée entre l'amour de feindre et la nécessité de choisir.

Ce que je demande avant tout aux comédiennes, c'est de s'observer, de s'apprendre l'une l'autre. De se deviner pour mieux mal se croiser et du même coup inscrire l'histoire d'une rencontre ou l'on se parle sans s'entendre et se touche sans s'atteindre De s'harmoniser totalement pour mieux opposer les personnages, confondre leurs rythmes contradictoires afin de donner au public la distance qu'il leur manque, la respiration qui les étouffe. Comme un rire qui s'étrangle sur l'absurdité d'un silence jusqu'à ce que la vérité nous souffle comme le vent la flamme d'une bougie.

Cocteau écrivait " Le poète est un mensonge qui dit toujours la vérité " . Cet adage pourrait bien, à lui seul, être la clé qui ouvre la porte pour que l'ange passe.

Guillaume LEFORT

Pièces détachées

C'est le fond des tiroirs. Des chansons sans musique, des répliques qui n'ont jamais trouvé leur place dans le dialogue. Des poèmes, des morceaux de nouvelles. Des mots orphelins adoptés pour l'occasion par de généreuses personnalités d'artistes. Ce tout est habillé par les créations de Sylvie Mouchenik dont on pourrait dire qu'elle est à la fringue une sorte d'entremetteuse qui ose sans se tromper un mélange culotté des matières. Imaginez Mad Max aux couleurs d'Arlequin. Ou une reine d'Angleterre dans un tailleur plastic aux boutons caoutchouc …

Le vingtième siècle...

Baptisé à l'eau lourde, élevé à la colère et la technologie. Autrement dit, la misère s'organise. Les taches de sang passent au Lavomatic, les mouchoirs sont jetables, les vacances sont rémunérées. Le tour du monde se compte en heures, la vitesse veut humilier le temps. Chaque coin du monde est en photo. Tout l'univers a plus de page. La Terre tourne plutôt mal. La Lune est dépucelée, elle s'est fait marcher dessus. Quant aux étoiles, lassées des généraux, elles se sont retrouvées agrafées sur des poches. Car bien que les guerres se shootent au Jazz, blancs et noirs font toujours autant de gris...

Moi un jour, je ferai un truc formidable. Peut-être même bien que j'écrierai un livre. Un livre avec pas beaucoup de pages et des gros caractères pour ennuyer personne. Je mettrai tout dedans. J'y mettrai toutes mes peurs... Celles de quand j'étais petite.. Quand j'avais peur des plumes et que les grands se moquaient de moi... Ça les faisait tellement rire, c'est vrai... Qu'est-ce que c'est drôle une petite fille qui a peur des plumes ! Et moi, je les regardais rigoler avec leurs bouches remplies de couronnes et parsemées de plombages... Et je crois que je les trouvais cons... Oui... Y'a des tas de grands comme ça, que je trouvais un peu con, le cul dans ma poussette...

En fait, tout a commencé à cause de mon père. Y'avait pas moyen de lui rentrer dans l'crâne que la mer, c'est salé... Il y croyait pas. Il voulait pas l'admettre. Qu'est-ce que viendrait faire tout ce sel dans autant de flotte ? Et pourquoi ? Grandes questions pour un simple manœuvre. Alors un jour, Il a cassé la gueule à toutes ses habitudes. En plein milieu de semaine, Il a mis son habit du dimanche, il a composté le total de ses économies et il est monté dans un train qu'allait vers les vagues. Au milieu du voyage, il est tombé sur ma mère. Il l'a trouvée belle, elle l'a cru fort, ils se sont mariés... Y'avait pas la télé, alors forcement, je suis venue tout de suite. Au bout de neuf mois d'impatience. J'ai déchiré le ventre de ma mère, tellement j'voulais regarder dehors. Mais elle m'a tout de suite excusée en me faisant chaud avec ses bras. Il parait que j'étais toute fripée... Une vraie salle gueule de vrai bébé ! Mais elle m'a embrassé quand même. Je crois que c'est tout de suite qu'elle m'a aimée. Elle en pleurait tellement elle était contente, elle a compté mes doigts, elle a senti ma peau et elle pleurait, elle pleurait et moi aussi je pleurais. C'était magnifique. Pour la première fois, je voyais l'autre coté de ma maman et c'était bon. Oui... Vraiment bon. Après j'ai connu mon père, il paraît que j'étais son portrait. Je peux pas dire que je le trouvais beau, mais, j'étais fière de lui ressembler. Je sais pas pourquoi... Question de principe ! Enfin, toujours est-il qu'à l'hôpital, au-dessus de mon lit, plein de grandes personnes ont défilé. Je me suis envoyé leurs guilis en les regardant gagatiser et tripoter tous mes nounours... De patati en gnagnagna... J'ai connu ma première migraine. Mais en bébé bien sympathique, je lâchais mes " areu " sans compter... Au bout de je ne sais plus combien de biberons... Mes dents se sont mises à pousser, en plein milieu de mes sourires. C'est là que j'ai compris que mes parents m'avaient drôlement bien réussie.. Je me suis mise à les voir tellement grands, que j'ai appris le mot " Torticoli " . C'est un problème de perceptive qui est diffèrent au raz du sol. Bref, je les regardais et je faisais tout pour faire pareil. J'imprimais leurs principes comme les seules lignes de vérité. J'ai même fini par être sûre que Dieu le père, c'était l'mien... Mais bon ! A ce moment là encore je regardais gentiment passer les heures. D'ailleurs, C'est pas vrai qu'elles font toutes la même taille. Celui qui dit ça, n'a jamais rien senti. Quoiqu'il en soit, le temps s'empilait et les choses restaient presque simples. Jusqu'au jour où le mot " Doute " est rentré dans mon dictionnaire. C'était vers mes cinq ans. Non beaucoup plus tard que ça, vers mes cinq ans et demi. L'époque où on essaie d'être sage parce qu'on aime les bons points. J'apprenais l'alphabet, je sentais la poussière de crayon de couleur et je rêvais d'écrire à la craie pour ressembler à la maîtresse. Tout allait bien... Oui, j'étais bien... Et, il y a eu ce jour. Je m'en rappelle. Dehors, il faisait froid. Toutes les feuilles étaient en train de tomber par terre. Moi, je faisais un grand serpent en pâte à modeler pour ramener à ma mère. Et d'un seul coup, j'ai appris la mort du père Noël dans la bouche d'une copine. Ça m'a fait comme un grand coup de balai dans la tête. En une toute petite phrase, je venais de comprendre que le bon Dieu des enfants n'est qu'un barbu en manteau rouge qui traîne devant les Prisunic, histoire de faire marcher le commerce... Forcement, ça m'a tout remis en question... Papa, maman, les cloches de Pâques... Même l'alphabet me posait des doutes... Mais vaille que vaille, il faut grandir. Alors j'ai grandi.. Même que c'était dans un jardin, plein de coccinelles et d'escargots que je sacrifiais au nom de mes rêves. Pendant ce temps là, à la maison, ma mère entretenait l'habitude. Les jours semblaient se photocopier, les heures étaient toujours les mêmes... A chaque apéritif, mon père engueulait son usine en regardant les informations. Il s'énervait jusqu'au fromage en faisant des boulettes de mie de pain qu'il entassait au pied de son verre. L'aigreur de son vin étoilé imprégnait la cuisine. Quant à ma mère, ses silences sentaient tristement le renfermé. Mais elle débarrassait la table et passait l'éponge. Sous le bruit de fond de la vaisselle, mon père terminait en me racontant l'éducation qu'il n'avait pas. De " Moi de mon temps ! " En " Vous les jeunes ! " ... De " Fais pas ci ! " En " Fais pas ça ! " . J'ai traversé l'age de raison sans trop de difficulté. J'ai commencé à laisser vivre les coccinelles, je sentais de moins en moins le crayon de papier. Je guettais l'arrivée de ma poitrine. Je me faisais pousser des illusions dans mon jardin secret en fredonnant " Un jour mon prince viendra " Et en l'attendant, Je m'inventais des histoires d'amour, ou je les volais au cinéma. Je m'installais dans des rêves pleins de succès. Et au réveil, prise enfin de lucidité, j'insultais mes complexes. Faut dire que mes dents ont poussé tordues et j'osais pas sourire. J'ai passé deux ou trois ans de ma vie avec des tuteurs en ferraille plein la bouche. Les incisives en camisole, ça ridiculise les sourires, ça éloigne le premier baiser... Mais bon ! Pour être belle il faut souffrir. Ce qu'oublie le dicton, c'est qu'une fois belle on souffre aussi...

En ce qui concerne mon adolescence, j'ai les souvenirs tout gribouillés. Y'a rien de bien clair. Y'a de temps en temps quelques débris de souvenirs qui me reviennent. Ça fait comme un grand film en soixante-dix-huit tours. C'est plein d'images accélérées qui se bousculent. Les yeux bleus d'un garçon sur une mobylette. Non. Son regard noir. Je ne sais plus. Mais bon ! Des petits détails sans importance et pourtant qui sont resté là dans le grenier de ma tête

Abrège !

J'ai l'palpitant qui démissionne.
Mon grand amour te rend les clefs
Désolé chère et tendre Yvonne,
mais j'en peux plus d'te respirer
Tu m'désagrèges
Tu m'horripiles
Faut qu'on abrège
j'me sens fébrile
Nos nuits sont comme photocopiées
Notre avenir s'échoue dans d'beaux draps
Tes surprises on l'goût d'échauffé
Ma libido tombe dans l'comas
Tu m'désagrèges
Tu m'horripiles
Faut qu'on abrège
j'me sens fébrile.
Tout a commencé en vacances.
T'as pris mon rasoir sans demander.
Un p'tit détail sans importance
Mais j'sais pas ! Ca m'a énervé.
Tu m'horripiles
Tu m'désagréges
j'me sens fébrile
Faut qu'on abrége
Et pis y'a eu c'repas de famille
Qui m'a fait pousser la migraine
C'est vrai que ta mère est bien gentille
Mais je supporte plus ses quiches lorraines.
Ca m'horripile
Ca m'désagrège
J'me sens fébrile
Faut qu'on abrège
Désolé chère et tendre Yvonne
Mais l'amour, ça meurt comme tout l'monde.
L'éternité, c'est pour personne.
Aussi vrai que la terre est blonde.

Cancanblabla

Cancans blabla gnagna Cancan blabla.
Quand dira t'on . Réputation.
Il parraît qu'elle se touche
Pour trois balles elle se couche.
Parait qu'elle se lave pas
Que chez elle y'a des rats.
On s'raconte tout c'qui s'trame
On s'oxigène aux drames
c'est bon d'être médisant... .
Cancans blabla gnagna.
Quand dira t'on réputation.
J'sais pas si tu t'rends compte
Ca vie est un scandale
Elle a même pas une montre
Et elle marche en scandales.
Cancans blabla, gnagna.
Quand dira t'on., machination.
le trafiquant d'espoir
Travaille même le dimanche
Il fait du marché noir
avec la traite des blanches
On s'raconte tout c'qui s'trame
On s'oxigéne aux drame
c'est bon d'être médisant
Cancans blabla gnagna.
Quand dira t'on … Réputation.
on engraisse la rumeur
avec des petites salades
Avis aux amateur
On déballe, on déballe !

Histoire d'un vieux jour 44/94

C'est l'histoire d'un vieux jour né en juin 44 qui ressemble à aucun autre...Y'avait du monde partout, dans les rues même dans l’ciel. Parait qu'c'était la guerre qu'était en train de mourir...Une guerre bien fatiguée qu'en avait marre d'la France. Une France pleine de varices qu'en pouvait plus d'être là et qu'avait mal aux arbres...L'espoir était pendu à des grands tissus de soie qui remplissaient le ciel comme un grand banc de méduses. La mer ! N'en parlons pas, elle était habitée de petits points de fumée comme des enfants qui brûlent...Malgré la voix des bombes, c'était des éclats de rire qui venaient couper les veines d'une drôle d'occupation.

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Spectacle terminé depuis le samedi 29 avril 2000

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