Pippo Delbono se confronte pour la première fois à un auteur comme Bernard-Marie Koltès, en donnant sa voix à la version de La nuit juste avant les forêts, texte présenté pour la première fois à Avignon en 1977 et qui a marqué l’écriture contemporaine jusqu’à la mort de Koltès, disparu prématurément en 1989.
Un voyage quasiment autobiographique qui ouvre la soirée avec une lettre de François Koltès, le frère de Bernard-Marie, qui a donné son autorisation à Pippo Delbono de couper, travailler, et tisser le texte original pour croiser deux vies et deux voix. Un monologue fort, intense, provocateur, impétueux que Delbono, accompagné par Piero Corso, interprète avec une grande musicalité, modulant voix, ton et rythme.
La Notte se conclut avec une lettre de Bernard-Marie Koltès adressée à sa mère : à la critique qui lui a été faite de ne penser qu’au sexe, l’auteur répond en revendiquant son concept de l’amour, en utilisant des paroles âpres, douces et mélancoliques pour exprimer un sentiment de résistance au non-sens du monde qui nous entoure.
« Texte enchâssé entre deux lettres formant un écrin, sa noirceur irradie la scène comme des étés invincibles. La Notte, presque psalmodiée, devient au fil de la représentation plus intense, plus sombre, plus épaisse. (...) Dans ce cadre, chaque geste, aussi minime qu’il soit, est ébauché avec une densité redoutable. » Lou Villand, Inferno, 7 avril 2016
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