Planète

du 9 juin au 1 juillet 2011
1h10

Planète

Sur le plateau, un homme et une femme. Il l’observe, elle ne le voit pas… Sont-ils dans le même monde ? La femme aimée, rêvée, est pour l’homme source d’une divagation, d’une tentative d’évasion de sa propre solitude.
  • L’imagination et la parole comme seul lien au monde

Un homme seul au théâtre et cette femme inventée qui existe peut-être. La femme de ses rêves ? Ils sont là, chacun son espace, chacun sa solitude. Elle est le personnage rêvé et pourtant elle est « concrète » dans la vie : elle bouge, sort, parle au téléphone, a une histoire d’amour et une vie sociale. Lui, il est au
théâtre figé dans sa solitude avec l’imagination et la parole comme seul lien au monde. Il tente de saisir la moindre étincelle de vie autour de lui, il cherche aux fenêtres, dans la ville, dans ses songes, dans un voyage rapide autour de la planète quelque chose auquel participer.

Et voilà cet homme volubile, disert, drôle au regard aiguisé sur le monde qui laisse, petit à petit, devant les spectateurs apparaître un être au coeur simple qui espère juste une place dans la vie de quelqu’un. Un homme qui cherche l’amour comme le seul refuge d’un sens à la vie.

Par le Collectif Les Possédés.
Traduction d’Arnaud Le Glanic, publiée aux éditions Les Solitaires Intempestif.

  • La rencontre entre un texte et David Clavel

David Clavel est tombé sur Planète du Russe Evguéni Grichkovets en cherchant des textes russes dans une librairie. « Un jour, un ami me demande si j'ai des textes à lui recommander. Je cherche un peu, pour moi, pour lire. Je farfouille dans le théâtre russe. Là, je tombe sur Grichkovets. Dans une librairie, je commence à feuilleter La ville et Comment j'ai mangé du chien. J'ouvre Planète en sortant de la librairie. Et je ne le lâche plus. Mieux, je le relis immédiatement en me disant qu'il y a quelque chose à en faire. C'était il y a trois ans et demi.

Ce qui m'a immédiatement touché, c'est une forme de désabusement léger, poétique, et la rencontre imaginée, rêvée, projetée, avec cette femme qui est sur scène mais qui ne le voit pas. Bizarrement, je me suis demandé si ce texte tellement simple pouvait toucher les autres, justement à cause de sa simplicité. Puis j'ai fait une petite lecture en Seine-et-Marne, dans une bibliothèque, et j'ai eu l'impression que ça accrochait. »

Planète se compose du monologue d'un personnage masculin dérivant de l'image d'une femme à sa fenêtre. Celle-ci est sur scène mais ne le voit pas. Parfois, elle parle à son tour, au téléphone, pour elle-même, aux spectateurs. Pas de personnages à proprement parler, plutôt un regard. Pas d'histoire mais des commentaires. Planète est le voyage imaginaire d'un homme qui a gardé quelque chose d'enfantin et regarde le monde avec un mélange de lucidité et de naïveté. Un être coincé entre réalité et fiction, entre désirs d'envol et retours sur Terre, " à la maison " .

  • La mise en scène

David Clavel envisage une scénographie qui isole la femme dans le cube de sa maison tandis que l'homme investit l'espace du plateau. « La scénographie aidera à trouver les frontières, à donner du poids. Nous voudrions créer une aire de jeu comme dans les parcs pour enfants ; désosser et ne conserver que le squelette en acier de la pièce où est la femme. Il vaut mieux que ce soit ouvert, pour faire quelque chose de moins " Playmobil " . Il faut que le spectateur se sente pris dans le volume, dans une histoire, projeté dans son monde.

Son parcours à elle se chuchote à son oreille. L'artificialité du son et de la lumière sont importantes pour permettre à l'actrice d'être dans un jeu dense et simple et soutenir cette dimension quotidienne et rêvée. Du côté de l'homme, il y a l'idée qu'il ne soit pas dans la lumière quand il parle. Il peut être le sous-titre de ce qu'elle dit. »

L'enjeu est aussi de créer du volume, c'est-à-dire des contrastes. « Le texte est très visuel, très en à plat. C'est un texte de sensations, un texte qui évoque l'espace mental. Les personnages parlent comme quand on pense, allongé dans l'herbe ou dans un hamac. Ils ont des pensées flottantes, qui fonctionnent par associations d'idées. Ce qui m'intéresse, c'est de créer un univers cinématographique et pictural, présent dans le texte, avec les moyens du théâtre. La chance au théâtre, c'est qu'on peut choisir soi-même de faire les gros plans, on peut déterminer les focales. Le cinéma c'est autre chose : la technique est plus forte que les acteurs. Et c'est en ça que le son et la lumière sont si importants. Ils vont soutenir l'atmosphère, faire gagner en plénitude et en contraste.

Je voudrais qu'il y ait d'autres couleurs que le jeu sur le noir et la lumière, classique au théâtre. J'aime beaucoup les contrastes rouge / vert, l'idée de jouer sur de vraies couleurs. Cela donne un moyen supplémentaire de raconter cette histoire. Je pense à Edward Hopper, pour son réalisme décalé. Les toiles de Hopper sont " fausses " en ce sens que les perspectives et les couleurs ne sont pas réalistes et pourtant il parvient à créer un effet de réel encore plus fort. Nous avons aussi beaucoup pensé aux impressionnistes, à leur façon de saisir l'éphémère.

Comment ouvrir les gens au monde en dessinant un nénuphar ? Quand j'ai vu les Tournesols de Van Gogh pour la première fois, j'ai été halluciné par la force de vie qui pouvait se dégager d'un bouquet. Et puis je suis fils d'architecte et j'ai pratiqué le dessin de sept à seize ans, ce qui n'est pas sans conséquences... »

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Théâtre de la Bastille

76, rue de la Roquette 75011 Paris

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Théâtre de la Bastille
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Spectacle terminé depuis le vendredi 1er juillet 2011

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