Tiraillé entre des idéaux passés et des espoirs pas tout à fait éteints, Platonov sera confronté au choix de demeurer celui qu’il est devenu ou de tendre vers celui qu’il désirait être. Un choix qui entrainera des conséquences pour lui, sa famille et ses amis.
Dans le cadre du Festival Départ d'Incendies.
Tiraillé entre des idéaux passés et des espoirs pas tout à fait éteints, Platonov sera confronté au choix de demeurer celui qu’il est devenu ou de tendre vers celui qu’il désirait être. Un choix qui entrainera des conséquences pour lui, sa famille et ses amis.
« Il s’est effacé d’une façon monstrueuse, il a disparu pour toujours, mon âge d’or ! Je l’ai perdu pour des bêtises, des saletés… J’ai tout enfoui dans la tombe, à part ce corps… Sans même parler de ce que j’ai pu faire pour les autres, qu’est-ce que j’ai fait pour moi, qu’est-ce que j’ai semé, qu’est-ce que j’ai fait pousser, qu’est-ce que j’ai fait croître en moi-même ?… Et maintenant ! Ah ! Monstruosité effroyable… C’est révoltant ! Le mal grouille autour de moi, il souille la terre, il engloutit mes frères en Christ et en patrie, et, moi, je reste là, les bras croisés, comme après un travail harassant ; je reste, je regarde, je me tais… J’ai vingt-sept ans, je serai pareil à trente – je ne prévois pas de changement ! On s’enfonce dans cette oisiveté graisseuse, cet abrutissement, cette indifférence à tout ce qui n’est pas la chair… et puis, on meurt !! La vie perdue ! Les cheveux se dressent sur ma tête quand je pense à cette mort ! »
Acte II, premier tableau, Platonov d’Anton Tchekhov
Ces mots de Platonov résonnent en moi depuis ma première rencontre avec Tchekhov à l’âge de vingt ans. J’en ai aujourd’hui vingt-sept et le mystère autour de cet homme, de ces œuvres reste immense. Il y a quelque chose qui m’appelle, quelque chose à comprendre. Mais quoi ? Le mystère de la vie ? Expliquer le temps qui passe ? La mort ? Trouver un sens aux vies des un.es et des autres, un sens à cette vie terrestre ? Et puis j’ai réalisé qu’il n’y avait rien à résoudre mais tout à explorer. Alors j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de Tchekhov.
Car, oui, c’est une aventure, artistique bien sûr, mais avant tout humaine. Tchekhov nous met face à la réalité de l’Homme, sa réalité terrestre et quand on se lance dans l’exploration de ses œuvres il nous oblige à aller regarder dans notre cœur la moindre parcelle de mensonges, de peurs, de rêves enfouis ou éteints. Puis il nous dit : il est encore temps. Ou si finalement il est trop tard, « Dans deux cents, trois cents ans, la vie sur terre sera d’une beauté indescriptible. Cette vie est nécessaire à l’homme, et si elle n’est pas jusqu’ici, il doit la pressentir, attendre, rêver, s’y préparer. ».
Alors un espoir naît et quand cet espoir naît il donne une force de vie incommensurable et où tout devient possible. Chacun des personnages de Tchekhov porte cet espoir en lui et c’est pour cela qu’il a été vital pour moi de monter et porter cette pièce jusqu’à un public.
En d’autres termes, c’est ce que l’on appelle un coup de foudre, le genre de ceux qui vous donnent le vertige et vous embarquent dans une tornade sans plus jamais s’arrêter ni vous laisser reprendre votre souffle.
C’est comme cela que j’ai toujours rêvé le personnage de Platonov, une tornade capable de transformer le monde tout en étant capable de le détruire. Je crois que c’est toujours comme ça avec les grandes forces de la nature, non ? Elles peuvent tout détruire sur leur passage mais laisser un élan de renouveau derrière elles. Et si Platonov cherchait cela ? Détruire la vie qu’il a construite, sa famille, ses amis dans l’espoir que quelque chose de mieux puisse arriver au monde après lui. Cette tornade, est constamment présente à l’intérieur de lui, alternant sans cesse entre je veux et je ne veux pas. Vouloir vivre puis vouloir mourir, aimer puis fuir. « Hamlet avait peur de rêver », Platonov a peur de vivre.
C’est dans cette tempête que j’ai souhaité entraîner le spectateur et toute la troupe ! Une tempête porteuse aussi d’espoirs, de vies nouvelles, de joies et d’amour !
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.