Courteline et Bergman. La Peur des coups et Scènes de la vie conjugale. Le théâtre et le cinéma. Un homme et une femme. Le rire et les larmes. Le mariage et le divorce. La rencontre et l’amitié. Un lit et un bureau…
Une petite odyssée intime, joyeuse et joueuse, entre illusion comique et illusion tragique, une mise en dialogue d’auteurs que tout sépare a priori, comme des amis différents qu’il nous amuserait d’inviter à une improbable soirée.
" L’envie de réunir (ou d’opposer) des auteurs aussi différents que Courteline et Bergman est partie d’une envie de contrastes, de perspectives culturelles, d’une envie de sculpture amoureuse, de faire comme un tour des choses du couple par les mots.
Comme le dit Depardon, la distance aux choses n’est pas la même selon les artistes, selon que l’on traite de la rupture chez Courteline ou chez Bergman. Ces distances différentes nous semblent créatrices de jeu et de comparaisons, génératrices d’une complexité sensible comme étonnante.
C’est aussi la place du langage à l’intérieur du couple dont il est question. Comment se parle-t-on ? À qui ? Pour quoi ? Cette multiplicité des matériaux nous permet d’exploser la linéarité d’une histoire cohérente pour se garder de l’exemplarité, du constat d’incommunicabilité ou de solitude partagée. Une histoire d’amour, de haine, de couple est ce qu’elle est par son verbe autant que par sa fable.
Des décalages étonnants, même, peuvent naître dans ces intervalles. L’idée n’est pas d’établir une topographie sociale du couple à travers les époques et les cultures.
Elle serait plutôt la mise en pratique, en jeu, en boxe de ces différentes langues, donc de ces différentes réalités, l’essai successif qu’en feraient les comédiens pour mieux se définir, en jouant parfois à contre courant, en déjouant les évidences.
Dès lors explorer les ressorts comiques, nerveux, rythmiques de Bergman, la ténèbre sous jacente, les dangers violents de Courteline nous parait passionnant, pour que la liberté d’interprétation et le jeu soient toujours au centre du spectacle et que rien ne s’y crée sur des réflexes acquis ou des préjugés. "
Pierre Maillet et Matthieu Cruciani
73, rue Mouffetard 75005 Paris