Résumé
La pièce
La mise en scène
Un nouveau texte
La musique
Dans l'Angleterre d'après guerre, Jimmy est un écorché vif qui nourrit un amour destructeur à l'égard de sa femme, Alison. Seul Cliff parvient à maintenir un équilibre précaire entre ces deux êtres. Mais l'arrivée d'Héléna vient tout bouleverser.
L'histoire de quatre personnages, quatre âmes esseulées, prisonnières d'un quotidien, dont la boucle se referme sur eux sans jamais se rompre. Un cri d'amour déchirant et désespéré que seule une petite lueur d'espoir vient timidement éclairer, comme une bouée de secours à laquelle on se raccroche...
Look Back in Anger, première pièce de John Osborne, révolutionna le théâtre moderne d’après-guerre. En présentant Jimmy, Cliff, Alison, Héléna, et le Colonel Redfern, petits enfants fragiles trop vite tombés de leur balançoire et errant dans un monde qui peu à peu les oublie, John Osborne introduit la notion de réalisme social.
Ses personnages se retrouvent bien malgré eux dans une époque où l’on tente plus ou moins de vivre malgré la morosité et le défaitisme ambiant. Il y a bien sûr ces êtres frêles, mais aussi cette société-là. Cet empire britannique d’après 47 qui essaie de recoller les morceaux, et laissant sans le vouloir vraiment une partie sur le bord de la route. Jimmy part en quête de l’amour idéal où le matérialisme n’a plus lieu d’être, Alison rêve du confort inconnu d’une vie de couple, et Cliff du rempart contre sa solitude. Dans un tel microcosme, le prochain est un ennemi et chaque mot une déclaration de guerre.
John Osborne nous impose donc ces personnages bruts dont les rapports humains ne sont plus que violence et provocation et qui ne savent plus dire je t’aime. Mais la vie continue car on ne peut espérer mieux. Leur passage dans le studio des Porter devient une initiation dans laquelle ils se jettent, débordants d’amour et d’attente envers un avenir incertain. Mais John Osborne n’est pas fataliste et semble murmurer à chaque ligne qu’il ne faut pas échapper à la douleur de vivre.
« Jimmy Porter souffre parce que rien n’a changé. Le Colonel Redfern s’afflige parce que tout a changé. Ils ont tous deux torts. » John Osborne, Looking Back, 1994
« Ils finirent par me prendre en otage. Un otage qu’ils avaient subtilisé à cette société à laquelle ils avaient déclaré la guerre. » Alison, Acte II, scène 1.
Look Back in Anger fut créé le 8 mai 1956 à Londres dans une mise en scène de Tony Richardson au Royal Court Theatre. En France, La Paix du Dimanche en est la première adaptation par Constance Coline, représentée pour la première fois en 1960 au Théâtre des Mathurins ; Pierre Vaneck y tenait le rôle de Jimmy.
Midlands 1956. Une histoire comme il en existe tant d’autres. Une société en pleine décolonisation sur fond de crise de Suez, de mutinerie hongroise et de bombe H. L’histoire d’une petite chambre de bonne, seul reste de l’écroulement d’un idéal. Une cage, celle de Jimmy et Alison Porter. Les murs suintent le désespoir, l’amertume et la douleur. L’air devient de plus en plus irrespirable et le silence un refuge. Au fil des répliques, ces êtres vont se livrer une bataille sanglante, un combat pour trouver le but même de leur existence. Alors on s’acharne, on souffre dans cette cage d’où l’on ne sort qu’à genoux, épuisé et vaincu.
Mais malgré la promiscuité chacun tente de vivre, de s’aimer malgré tout, et surtout d’y croire. Croire que rien n’est encore perdu. Croire en cet avenir si incertain, en dépit du quotidien et de sa douce cruauté. Cette petite chambre de bonne devient donc une étape, un passage obligé dans la vie de quatre jeunes débutants et d’un colonel d’empire enfin de course. Cinq âmes perdues se heurtant à la solitude et l’égoïsme du genre humain.
Jean-François Bonnabel
En juin 2001, Pierre-Vincent me faisait lire La Paix du dimanche de John Osborne dans l’adaptation de Constance Coline. Il nous est alors venu l’idée de retraduire Look Back in Anger, non sans admirer le travail de sa première traductrice.
Cette pièce n’avait pas connu de nouvelle adaptation depuis quarante ans, nous désirions simplement redonner à Jimmy, Cliff, Alison ou Héléna nos mots, ceux de la fin du vingtième siècle ; mais en lui restant fidèle, à lui, à la violence de ses propos, à la pureté de son combat. Chez Osborne, la phrase est vitale, c’est un cri, une raison de vivre. Huit mois durant, il a fallu tordre le cou aux mots afin de leur redonner cette violence première fatalement adoucie par le passage des ans.
Jean-François Bonnabel et Pierre-Vincent Chapus
On peut d’emblée constater que la musique dans Presque un Gentleman s’établit sur deux plans. Tout d’abord elle dessine une ambiance, un environnement. Elle existe alors pour mieux apprécier le silence ou plutôt le quotidien. Elle introduit, dessine au préalable les personnages, en un mot elle accompagne et finalement trouve son sens en tant qu’elle est destinée au spectateur.
D’un autre côté, John Osborne place « sa musique » en faisant de Jimmy un « musicien » à ses heures. Ces chansons inscrites dans la lourdeur du quotidien, dévoilent une de ses facettes : un épanouissement dans l’expression d’une bonhomie finalement toute relative. Enfin si Jimmy n’est pas sur scène, c’est sa trompette que l’on entend, épuisant, agressant.
En un mot, dans une pièce où le repos n’est que trop absent, la musique, qu’elle soit interne ou un simple accompagnement de cet enfer, devient une nouvelle expression du poids de ce huis clos.
Sylvain Dieuaide et Vincent Xavier
Très beau spectacle ; les acteurs sont super, la pièce est étonante, courrez-y !
Très beau spectacle ; les acteurs sont super, la pièce est étonante, courrez-y !
39, rue des Trois Frères 75018 Paris