Qu'est-ce qu'être humain ? De quelle humanité sommes-nous capables ? A partir d'une adaptation de Prométhée enchaîné d'Eschyle, Henry Bauchau, à son tour, pose la question de la conscience, de la liberté et du changement.
Dans cette œuvre abrupte, Henry Bauchau cherche résolument à insuffler de la lucidité et de l'intuition à la vie des « éphémères ». Son écriture limpide et acérée apporte un regard inédit sur le mythe de Prométhée dont les formes, « paroles incantatoires », « visions poétiques » et « corps embrasés » se superposent comme autant de sens possibles en résonance avec la réalité actuelle.
Parmi les mythes grecs, l'histoire de Prométhée, ce Titan qui prend le parti des hommes « éphémères » contre Zeus , en leur faisant don du feu, nous touche aujourd'hui car il parle de l'être humain révolté face à l'absolutisme. Eschyle, au Ve siècle avant Jésus-Christ, avait écrit une trilogie dont nous est conservé Prométhée enchaîné, moment où Héphaïstos, dieu du feu et des volcans, va accomplir le châtiment de Zeus, enchaîner son ami éternellement au rocher. Mais une torture plus funeste le guette encore ?
Henry Bauchau a enrichi le texte en intégrant sous forme d'évocation les deux autres pièces, Prométhée délivré et Prométhée porte feu. Pris en tenaille entre la terreur du passé et l'incertitude de l'avenir, Prométhée incarne physiquement la mise en jeu des forces profondes, telluriques qui nous traversent. Corps ravagé, survivant de l'espérance, il avance dans les sillons de sa conscience à la poursuite d'une méditation hallucinée sur ce qui advient du monde.
Prométhée enchaîné est un théâtre du débordement, de la foison et du nerf. Sur scène, un mur d'acier pivote, sur la trame du temps éternel. Prométhée y est fixé comme un papillon, les Océanides le rejoignent dans son escalade de la conscience. Face à lui-même, dans la nuit, Prométhée se demande, comme nous, s'il est toujours perdu dans la prison du rêve.
Par la Compagnie Zéro Théâtre.
22, rue du Chevaleret 75013 Paris