Version de concert.
Alors qu’on aurait pu attendre de Saint-Saëns – prétendument « classique » – qu’il échauffe son imagination en s’intéressant au destin de la Proserpine antique, on découvre avec surprise que cette Proserpine-là n’est rien moins qu’une courtisane de la Renaissance rompue aux amours coupables.
Saint-Saëns résume adroitement les vrais enjeux dramatiques de ce drame lyrique, fort éloignés du répertoire de l’Opéra-Comique où il fut créé : « Angiola est l’innocence, la candeur, l’amour pur et virginal ; Proserpine est une damnée, le véritable amour est pour elle un fruit défendu ; dès qu’elle y touche, c’est une torture. Et il arrive cette chose inattendue et terrible : le chaste amour de la sainte paraît peu de chose à côté des passions infernales de la courtisane. Effrayant problème ! Satan, le révolté, l’éternel maudit, écrase de sa supériorité les anges fidèles ! C’est la bête sanguinaire qui est admirable, le doux être n’est que joli et sympathique. »
Visiblement transporté par ce délice de l’horreur, Saint-Saëns verse dans une modernité orchestrale sans précédent, empilant les dissonances sous les cris de fureur ou de désespoir de ses personnages. Et de conclure : « Proserpine est, de toutes mes œuvres théâtrales, la plus avancée dans le système wagnérien. » La moins connue aussi, qu’il était grand temps de révéler au public.
Par le Münchner Rundfunkorchester (Orchestre de la Radio de Münich) et le chœur de la Radio Flamande. Dirigé par Ulf Schirmer.
Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Proserpine.
Drame lyrique en 4 actes sur un livret de Louis Gallet. Créé à Paris le 14 mars 1887 au théâtre national de l’Opéra-Comique.
Château de Versailles, Place d'Armes 78000 Versailles
Entrée par la Grille d’Honneur. L'accès aux salles se fait par la Cour d'Honneur Porte B.
Voiture : Par l’autoroute A13 et A86, sortie Versailles Château.