« Cher ami, je suis peut-être bouché à l’émeri, mais je ne puis comprendre qu’un monsieur puisse employer trente pages à décrire comment il se tourne et se retourne dans son lit avant de trouver le sommeil. » L’éditeur Ollendorf à propos de la À la recherche du temps perdu.
Au début de l’année 2014, on m’a proposé de faire une lecture d’extraits du premier chapitre de Proust. Comme c’est le cas pour bon nombre d’entre nous, le texte de À la recherche du temps perdu constituait une culpabilité culturelle. Je ne l’avais pas lu et à chaque fois que j’avais voulu m’y mettre, j’avais renoncé, le livre m’étant tombé des mains et je remettais toujours à plus tard la décision de passer par dessus les premières difficultés de lecture.
Cette demande de lecture était de ce point de vue une opportunité : j’acceptais et je me mis au travail. Et les difficultés commencèrent. Je n’y arrivais pas. Les phrases semblaient sans fin, construites selon un agencement dont la logique et la pertinence m’échappaient. Pire, les nombreuses analyses ou lectures que l’on trouve de ce texte ne m’éclairaient pas plus. Que faire ?
Par ailleurs, j’avais expérimenté à de nombreuses reprises dans ma vie de comédien comment un texte qui nous était obscur, voire incompréhensible pendant de longues semaines de travail, devenait pourtant accessible au public dès sa première écoute pour autant que le comédien ait fini par le comprendre réellement, intimement.
Sans cesse, je passais et repassais sur ce texte à voix haute sans cesser de me perdre. Et, un jour, arrivant au passage où le narrateur décrit comment, jeune garçon, il inventait un stratagème pour que Françoise accepte de porter la lettre qu’il venait d’écrire afin que sa mère monte lui dire bonsoir dans sa chambre, l’évidence apparut : il ne fallait pas seulement « dire » ce texte, il fallait le faire mien, le jouer, l’inventer sur le moment-même. Il me fallait m’en emparer. Comme n’importe quel rôle. Il était écrit pour cela.
Et, aussitôt que je l’abordais ensuite avec cet état d’esprit, le texte s’ouvrit, se dévoila, se simplifia, les phrases s’emboîtaient maintenant logiquement et un cortège d’émotion surgit. Cette direction nouvelle semblait pertinente. Et donc, il fallait l’apprendre. Ce que j’entrepris.
Oserais-je dire que c’était plus facile à dire qu’à faire ? Oui, j’ose.
« L’acteur Michel Voïta offre une splendide équipée au pays de Marcel Proust. » Le Temps
« Proust, en veux-tu, en Voïta. » Tribune de Genêve
« Un excercice magistral.» Revue Générale
« Eproustouflant. » Vigousse
23, rue de la Huchette 75005 Paris