J’ai un pays où l’histoire vous verse dans un tourbillon d’événements qui ne vous laisse pas le temps de vous retourner. Parmi ces clameurs, noyées dans celles du présent, il y a celles de 1947, de moins en moins audibles, mais pourtant si présentes pour expliquer les faits d’aujourd’hui.
Souvent les insurgés ont préféré se taire, car ayant trop vu, de torture et de massacre, de trahison et de choix intolérable. Mais aujourd’hui, au crépuscule de leurs vies, les témoins savent aussi qu’ils doivent parler ou mourir avec leur mémoire.
Jean-Luc Raharimanana
Rano, rano est la formule que scandaient les insurgés malgaches en allant au combat, rano, rano, pour transformer les balles de l’armée coloniale en eau...
Raharimanana, écrivain, Tao Ravao, musicien, et Pierrot Men, photographe, trois artistes à Madagascar qui irradient hors de leurs frontières insulaires. Rano, rano est l’aboutissement d’un engagement sur la mémoire, des récits recueillis en 2008 et 2013 près des derniers témoins de l’insurrection à Madagascar de 1947. Récits d’une humanité bafouée, exploration de l’indicible, interrogation sur le pardon, hommage à la résistance ; une pièce qui aborde des sujets sensibles en tissant la voix à la musique, la musique à la photographie, la photographie à la voix.
Raharimanana écoute, écrit et redit les paroles, dans un va-et-vient permanent entre l’écrit et l’oralité. Tao Ravao sur l’indicible porte la parole qui n’arrive pas à se dire, soutient les regards qui racontent. Pierrot Men écoute, observe et photographie les visages qui ont tant vécu, capte ce que les yeux ne peuvent pas voir.
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