Remixamor

... " Saisis sur le vif sans doute, ces visages sont pourtant sans impatience ; ils sont au bord du temps, dans un retrait qui n’est plus leur vie et qui n’est pas encore leur mort. Ils n’attendent rien, ils sont là, sans poids, sans légèreté, sans passer ni s’éteindre. Ils résistent. Ils résistent infiniment." Jean-Christophe Bailly Extrait de "l’Apostrophe muette", essai sur les portraits du Fayoum

Un drôle de titre et un drôle de mélange ! Ça commence par l’arrivée d’une bande de touristes braillards qui visitent un musée dans un pays qui pourrait être l’Italie, mais aussi la Grèce ou l’Égypte, en tout cas un pays qui sent la Méditerranée. Ce serait bien sûr un musée de rêve qui rassemblerait ce que l’on a aimé dans différents pays.

A la fin du spectacle on retrouve la même bande de touristes, un peu plus braillards, un peu plus déchaînés. Entre ces deux scènes, des solos, des duos, des scènes de groupe, racontent la solitude, la différence, le besoin et la peur de l’autre, le rapport si troublant à notre corps et au corps de l’autre. Aucun des danseurs n’a un corps formaté, ils sont trop grands, ou trop costauds, ou trop minces, ils ont des corps d’hommes et de femmes d’aujourd’hui qui doivent faire avec. Et c’est drôle et pathétique en même temps. Et puis il y a Mark Tompkins qui chante Avec le temps et traverse la scène pour nous dire que, peut-être, entre les portraits du Fayoum et les danseurs d’aujourd’hui il n’y a pas si loin.

Remixamor a été créé à Strasbourg dans le cadre d’une résidence de deux ans de la compagnie. Une première création La Vie révée d’Aimée a rassemblé les danseurs pour une comédie musicale pour les adolescents, remixamor les a fait revenir à leur intimité ; souvenirs, explorations, découvertes, interrogations. Ils nous font visiter leur musée imaginaire et nous les suivons volontiers.