Paru en 1952, Requiem des innocents est le premier livre de Louis Calaferte, écrivain majeur auquel on doit également Septentrion et La Mécanique des femmes. Puisant dans ses (douloureux) souvenirs d’enfance, l’écrivain développe ici un récit d’apprentissage à la dure, porté par une langue drue, puissante, dont la virulence et la truculence évoquent Céline ou Cendrars. Marquée à vie par le livre, Virginie Despentes a proposé à ses amis musiciens de Zëro, groupe de rock prospectif et abrasif, de relever avec elle le défi d’une adaptation pour la scène.
« Ça ne s’invente pas, une mélopée pareille : ça remonte, de la chair à la langue » entend-on notamment dans Requiem des innocents. Et ça remonte avec force jusqu’aux oreilles et à la chair du spectateur, secoué en profondeur par la transposition scénique, électrique et organique, que Zëro et Virginie Despentes offrent de ce texte initiatique. Il ne s’agit pas d’une lecture musicale mais plus exactement d’une mise en voix, en corps et en musique des mots de Calaferte. Debout au centre de la scène, Virginie Despentes décoche ces mots percutants, de sa voix grave au débit bien ajusté. Derrière elle, dans la semi-pénombre, les trois membres de Zëro délivrent une intense et obsédante musique atmosphérique. Grâce à eux, à leur (ré)appropriation intime du texte, Requiem des innocents retentit plus vivant et vibrant que jamais.
« La plus rock’n’roll de nos écrivains favoris vient nous confier ici des extraits de ses livres de chevet en musique, en compagnie du groupe Zëro. La soirée risque de décoiffer. On y court. » Marie-Catherine Mardi, Télérama.fr
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