Ce n’est pas très loin de l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet que Camus créa Requiem pour une nonne, qu’il dirigea lui-même. En effet, la première de cette pièce eut lieu au Théâtre des Mathurins-Marcel Herrand le 20 septembre 1956, avec Catherine Sellers dans le rôle de Temple Stevens. Ce fut un succès, avec plus de six cents représentations et une tournée en province, en Suisse, en Belgique, au Luxembourg et en Afrique du Nord.
Genèse passionnante que celle de cette oeuvre ! On ne peut en effet résumer l’histoire de Requiem pour une nonne sans revenir à Sanctuaire, l’un des plus célèbres romans de Faulkner qui se déroule sept ans auparavant : Temple Drake, jeune collégienne de bonne famille, après un accident de voiture avec son petit ami Gowan, totalement ivre, trouve refuge chez de sordides bootleggers. C’est là que Temple est enlevée, puis séquestrée dans une maison close par un gangster dégénéré, Popeye.
Dans Requiem, on retrouve Temple, qui, après sa séquestration, a épousé Gowan, responsable de son infamie. Le rideau se lève sur la condamnation à mort de Nancy Mannigoe, leur nurse, une ancienne prostituée noire, pour le meurtre de leur petite fille. Mais la veille de l’exécution de Nancy, Temple, sous la pression de son oncle Gavin, avocat de la criminelle, se rend chez le gouverneur afin de demander sa grâce. Elle fera alors éclater au grand jour la vérité. En face de celle-ci, le rachat, le pardon seront-ils possibles ? Quel nouveau calvaire pour Temple ?
Faulkner écrit en 1951 Requiem pour une nonne, ébauche de pièce que Camus demande d’adapter pour le théâtre quelques années plus tard, splendide exemple d’échange littéraire transatlantique, démonstration de l’universalité des grands thèmes et de la transcendance des frontières par deux monstres sacrés de la littérature.
Après avoir invité Jacques Lassalle à porter sur la scène L’École des femmes, dans la scénographie et les costumes de Louis Jouvet, l’Athénée lui propose un autre beau défi : mettre en scène Requiem pour une nonne de Faulkner dans l’adaptation scénique d’Albert Camus. Ces deux grands écrivains ont "incendié les adolescences" de Jacques Lassalle et il n’envisage que "le bonheur d’avoir à les célébrer ensemble". Nous aussi.
Pièce en deux parties et sept tableaux
Adaptation d’Albert Camus d’après William Faulkner.
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris