A la Chapelle Royale.
Si la France écrivit son histoire au fil des conquêtes de ses rois, empereurs et présidents, elle fut prompte aussi à mythifier leurs déchéances, qu’ils aient été répudiés, incarcérés, guillotinés ou exilés. Louis XVI et Napoléon Ier, en particulier, sont regardés dans l’histoire nationale comme de cruels exemples des revers de la fortune. On sait moins que plusieurs gouvernements ultérieurs leur rendront de dignes hommages, les hissant au rang de martyrs et ravivant les feux de leur postérité. Cette image ambigüe, entre tyrans et héros nationaux, perdure.
La Monarchie restaurée en 1815 par Louis XVIII multiplie ainsi les cérémonies en l’honneur de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Leurs corps sont rapatriés dès 1815 dans la nécropole des rois de France, restaurée pour l’occasion au cœur de la basilique de Saint-Denis. En 1817, la Cour assiste in situ à l’exécution du Requiem en ut mineur de Cherubini à la mémoire du défunt roi, tandis qu’on saisira l’occasion des trente ans de la mort de Marie-Antoinette (1823) pour faire jouer le Requiem en ré mineur de Charles-Henri Plantade en sa mémoire. Berlioz vient d’arriver à Paris, et toute la génération romantique regarde avec dédain ou nostalgie les derniers feux de l’ancienne monarchie. C’est au même moment que meurt Napoléon, en exil sur l’île de Sainte-Hélène. Son corps, longtemps resté « propriété » britannique, sera finalement rapatrié en 1840 sous la pression de la Monarchie de Juillet et de son « roi des Français », Louis-Philippe. La dépouille traverse Paris sur un cortège fluvial qui remonte la Seine jusqu’aux Invalides. C’est au son de marches funèbres ou héroïques, composées par Auber, Adam et Halévy, que l’Empereur défunt est accueilli dans la cathédrale des Invalides où trône désormais un tombeau monumental à la mesure de ses rêves de postérité.
Ces musiques funèbres sont presque toutes restées à l’état de partitions inédites. Elles reposent aujourd’hui dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France. Quoique composées pour des circonstances très précises et dans des délais souvent brefs, elles avaient pour ambition de frapper les foules et de magnifier les commémorations qu’elles accompagnaient afin de participer, à leur mesure, à l’écriture d’une page essentielle de l’histoire de la Nation : celle de la réhabilitation historique d’hommes et de régimes. À leur tour aujourd’hui de connaître les honneurs de la résurrection.
Alexandre Dratwicki, directeur scientifique du Palazzetto Bru-Zane
Par les Chœur et Orchestre du Concert Spirituel, direction Hervé Niquet
Charles-Henri Plantade (1764-1849)
Messe des morts en ré mineur pour chœur et orchestre (1823)
Jouée à la Chapelle des Tuileries pour les 30 ans de la mort de Marie-Antoinette (guillotinée le 16 octobre 1793)
Recréation
Hector Berlioz (1803-1869)
Méditation religieuse pour chœur et orchestre
Luigi Cherubini (1760-1842)
Requiem en ut mineur pour chœur et orchestre (1817)
À la mémoire de Louis XVI (guillotiné le 21 janvier 1793)
Château de Versailles, Place d'Armes 78000 Versailles
Entrée par la Grille d’Honneur. L'accès aux salles se fait par la Cour d'Honneur Porte B.
Voiture : Par l’autoroute A13 et A86, sortie Versailles Château.