Une fable au lyrisme incandescent sur la mécanique du pouvoir : à travers des élans amoureux, des prêches religieux, des discours politiques et des appels au combat, Shakespeare nous fait entendre, scène après scène, que le langage a le pouvoir de tout corrompre. Lorsque les puissants n’ont pas de parole et que les faibles n’ont pas les mots, la violence entre les hommes atteint son paroxysme.
Dans cette pièce de jeunesse, Shakespeare fait le portrait de Richard, duc de Gloucester, personnage physiquement et moralement difforme qui va ravir le pouvoir à ses frères et à leur descendance en les conduisant à la mort. Comment, dans un monde corrompu où tout va pour le pire, un homme différent s’élève‐t-il, par l’éloquence et l’intensité de son verbe ?
Richard dénonce, maudit, châtie, asservit, assassine ses proches. Il use de tous les artifices du théâtre : séduction, manipulation, composition, imprécation, et fait de son ascension puis de sa chute un spectacle très divertissant, une démonstration implacable, sarcastique et rageuse, de la monstruosité du monde.
Tragédie de la mystification, Jérémie Le Louët trouve dans Richard III un terrain de jeu exaltant pour ses expérimentations langagières, son goût du séquençage et sa fascination/exécration pour les monstres de pouvoir.
Lorsque Shakespeare écrit Richard III, il a 28 ans. Il n’a pas encore écrit Roméo et Juliette, Hamlet, Othello, Le Roi Lear, ni aucune autre des pièces qui feront sa gloire. On perçoit encore dans Richard III l’influence de ses maîtres, Marlowe et Sénèque, mais pour la première fois dans son oeuvre, son style domine de bout en bout. Shakespeare y fait le portrait de Richard, Duc de Gloucester, laid, difforme et boiteux, qui va ravir le pouvoir à ses frères et à leur descendance en les conduisant à la mort. On écrit fréquemment que Richard III est une pièce sur le pouvoir.
On dit que c’est une pièce politique, qu’elle met à nu nos plus bas instincts de domination. On dit aussi de Richard qu’il est l’un des archétypes les plus parfaits du mal absolu, à l’instar d’Hérode, de Néron et de Caligula qui ont toujours rempli les salles de spectacle et séduit les acteurs histrions les plus célèbres. Tout cela est vrai… et bien d’autres choses encore… L’inventaire de ces pistes dramaturgiques, vidées de leur substance, donne le vertige.
La pièce pose une question assez simple : comment, dans un monde corrompu où tout va pour le pire , un homme différent s’élève, par l’éloquence et l’intensité de son verbe ? Richard dénonce, maudit, châtie, asservit, assassine ses proches. Il use de tous les artifices du théâtre et fait de son ascension un spectacle très divertissant ; une démonstration implacable de la médiocrité du monde.
Jérémie Le Louët
J’ai coupé les motifs historiques de la pièce. D’abord parce qu’ils la rendent confuse pour qui ne connait pas l’histoire d’Angleterre sur le bout des doigts. Aussi parce je travaille sur une forme de fulgurance, sur des variations d’intensité, de rythmes et très peu sur le 16ème siècle. C’est la confrontation des monstres, l’ascension puis la chute de Richard qui donnent à la pièce sa dimension intemporelle. C’est sur la trajectoire du personnage et sur les figures qui l’environnent que j’ai décidé de concentrer l’action.
Si par le passé, certains traducteurs ont volontairement édulcoré le style et tordu le sens pour faire passer Shakespeare plus facilement au lecteur/spectateur français, plus personne aujourd’hui n’accuse le sens de ses pièces. La langue de mon adaptation est plus ou moins influencée par la traduction de François-Victor Hugo, que j’ai lue avec plus d’intérêt que les autres, sans qu'elle ne m’ait réellement satisfaite. J’ai souhaité que la langue soit fidèle à l’euphuisme des premières pièces de Shakespeare, sans sacrifier à la clarté du sens. J’ai opté pour le vers libre qui permet une grande souplesse entre le décasyllabe (trop court), l’alexandrin (trop français) et le Quatorzain (trop long).
Richard III est une tragédie du langage. A travers les prêches religieux, les élans amoureux, les discours politiques et les appels au combat, Shakespeare nous fait entendre, scène après scène, que la parole a le pouvoir de tout corrompre. Lorsque les puissants n’ont pas de parole et que les faibles n’ont pas les mots, la violence entre les hommes atteint son paroxysme
Jérémie Le Louët
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Voiture : partir de la porte d'Italie, prendre la RN7 en direction de Villejuif. A la hauteur de la station de métro tourner à droite, avenue Eugène Thomas puis au 1er feu à gauche rue Jean Monnet.