Je m'efforcerai de te suivre (titre provisoire) est né de la rencontre entre la danseuse et chorégraphe Rita Cioffi et la comédienne Stéphanie Marc autour du recueil de poésie de Michel Houellebecq Configuration du dernier rivage.
Comme souvent chez Houellebecq, le texte oscille entre un côté trash, lié à son impudeur provocante, et un côté désuet, qui ici cultive la rime classique et le sentimentalisme. C'est cet espace qu'elles explorent et travaillent, se relayant l'une l'autre, en complicité avec David Lepolard, artiste multimédia qui, présent lui aussi sur scène, agit sur l'espace, les corps et les voix. Le texte circule sur le plateau, parlé, écrit, faisant naître des images et des gestes, comme une bande-son, un sous-texte entêtant qui parfois s'arrête sur quelques mots, comme le ferait un plan rapproché.
La chorégraphe et la comédienne s'emparent ainsi, ensemble et séparément, de la tristesse ironique des poésies, de leur désenchantement, sensible pour ces deux femmes frôlant, pour le plus ou pour le moins, la cinquantaine, et qui doivent assumer le temps qui passe. Mais elles la transforment en énergie, en légèreté, en espace de possibles et de rencontres, l'une entrant dans la danse comme dans une transe, l'autre en comédie avec le vieux désir d'être majorette ou Marilyn.
Et le chien, en peluche ou à roulettes qui les accompagne sur scène est peut-être simplement là pour jouer, pour rire et pour faire écho à ces quelques vers : « Être un petit chien blanc qui court sans se lasser après la même branche, / Ou un vieux prêtre noir qui dit sans pleurnicher la messe du dimanche : / Bref avoir une fois, minuscule ou sublime, un ensemble de gestes / Comme une danse idiote, nous dirons le pas turc, une danse modeste.»
Par la Compagnie Aurelia (Italie / France).
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