Une nouvelle fois, Yannick Nézet-Séguin à la tête de son Orchestre de Rotterdam, offre, avec ce doublé Mahler – Chostakovitch, un programme où l’ambition musicale rivalise avec la cohérence du propos. La soirée devrait en effet être forte en émotions puisque qu’après la Marche funèbre de Mahler (futur premier mouvement de sa Symphonie n° 2), place à la Symphonie n° 13 « Baby Yar » du musicien russe.
Dédiée à toutes les victimes de l’antisémitisme, l’on sait qu’elle dut « passer » par les fourches caudines des autorités soviétiques. Le succès retentissant de sa création sera la revanche du compositeur. L’écriture orchestrale, et surtout chorale, sont à la hauteur morale de l’œuvre. La tension dramatique est palpable d’un bout à l’autre de la partition jusqu’à sa conclusion tonitruante à la limite du supportable. Il y a ici certains des plus beaux passages qu’ait jamais écrit Chostakovitch et son « témoignage musical » est depuis entré au panthéon des chefs-d’œuvre.
Mahler : Totenfeier, poème symphonique
Chostakovitch : Symphonie n° 13 « Babi Yar »
15, avenue Montaigne 75008 Paris