Tout public à partir de 12 ans.
Avant-propos
La Pièce
Note d’intention
« Victor Hugo est un inspiré, on peut dire qu’il fut l’inspiré par excellence, et son œuvre est la meilleure démonstration qui soit de ce phénomène étrange, et si embarrassant pour la disposition critique, que l’on appelle l’inspiration. »
Paul Claudel
Le théâtre de Victor Hugo est un théâtre riche, flamboyant. Ruy Blas est sans doute l’une des ses pièces les plus envoûtante. C’est un incomparable poème où se mêlent, s’unissent et s’opposent tous les genres, tous les thèmes, tous les tons...
De la tragédie à la comédie. De la comédie au mélodrame. Du mélodrame au
bouffon.
Du sublime au grotesque.
Tous les personnages sont inscrits dans ces répertoires aussi riches que divers. Des personnages hybrides, des archétypes, des caricatures changeantes selon la volonté de l’auteur pour servir « l’intrigue ». Car il s’agit avant tout de plaire, d’émouvoir, de faire rire, sourire, de surprendre.
Le théâtre de Hugo est un théâtre populaire. Coups de théâtre, intrigues compliquées, sentiments violents et contrastés, situations pathétiques, un penchant pour provoquer la pitié pour le malheur des faibles, des opprimés.
Et il y a la magie de l’alexandrin sublime, flamboyant, truculent, rythmé, aux accents lyriques, grondant de colère, criant de vérité, chantant la mélancolie des temps passés, sublimant l’amour. Une musique enivrante et fascinante.
Hugo, C’est le théâtre des Saltimbanques par excellence...
Don Salluste vient d’être exilé par la Reine. Il décide de se venger en utilisant son cousin Don César devenu par la force du destin un va nu pied. Celui-ci refuse, ne voulant pas s’abaisser à blesser une femme. Il est envoyé aux galères.
Salluste décide alors de se servir de son valet pour accomplir sa vengeance. Ruy Blas qu’il sait fou d’amour pour la Reine devient alors le nouveau Don César. Il monte assez vite dans les hautes sphères du pouvoir aidé par la Reine qui tombe rapidement sous le charme de ce jeune politicien vertueux guidé par l’amour du peuple et la grandeur de l’Espagne.
Mais l’heure de la vengeance a sonné…
Don Salluste revenu d’exil en secret veut mettre à exécution son plan. Ruy Blas comprend que son amour pour la Reine va la perdre. Le retour de Don César d’Afrique ne changera rien : la confrontation aura lieu. La Reine est attirée dans les filets de Don Salluste.
Dans un ultime sursaut d’orgueil Ruy blas tue Don Salluste et se donne la mort. La reine lui pardonnera de l’avoir trompé…
Ruy Blas peut mourir l’âme en paix. L’amour triomphe.
« Par une nuit d’été une troupe de nomades s’arrête à l’orée d’un bois ... c’est aujourd’hui le grand soir... celui ou l’on va raconter l’histoire, cette fatalité qui fait si peur aux petits et assagit les plus grands...
Magie de la nuit, complainte des alexandrins, chant des guitares, exaltation des corps, danse des passions...
Silence.
Il était une fois... Ruy Blas... »
Dès la première lecture de Ruy Blas l’utilisation du groupe m’est apparue comme une évidence. La pièce s’apparente à un conte populaire. Il me fallait alors déterminer qui allait raconter ce conte, à qui et pourquoi.
La troupe de nomades saltimbanques alors m’a semblé incontournable. Elle nous permettait d’exploiter toutes les facettes de la pièce. De la jouer sur deux niveaux…
Le conte se joue alors sur une scène ronde comme autour d’un feu. Les personnages sont tous en scène, autour, et rentrent dans le cercle quand vient leur tour. La langue d’Hugo est alors utiliser comme un instrument. Les envolés lyriques deviennent des joutes comme des confrontations de flamenco. La musique prend part à la fête. Des guitares et des rythmes pour donner une couleur locale, des chants accompagnent l’alexandrin, subliment l’amour, deviennent lamentations quand la douleur est là.
Le groupe intervient selon les besoins de l’intrigue, il accompagne le spectacle, participe et commente.
Sur la scène, chaque personnage est bien campé, tracé à gros traits, haut en couleurs. Un méchant diabolique, un amoureux idéaliste, une Reine douce et vertueuse, une duègne un peu folle, un laquais ivre, une suivante enjouée, un clown triste,… et César, leur représentant, un peu saltimbanque, un peu bohème, généreux et bouffon…
Tout est là pour effrayer, émouvoir et surprendre. Le conte devient fable, et la morale est que l’amour triomphe malgré la mort qui est là, comme une fatalité. Tous compatissent.
Cette histoire est devenu la leur. Un conte qu’on se transmet de générations en générations. Comme une tradition. Le respect de la langue s’impose celui de la morale aussi.
Roch-Antoine Albaladéjo
14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris