Elle s’appelle Justine. Elle a vingt‐cinq ans. Une fille normale, en apparence. Mais elle a un problème étrange qui empoisonne sa vie : elle ne sait pas faire la conversation. Faire comme dans construire, fabriquer, créer. Elle ne sait pas fabriquer des échanges avec les autres. Ne sait pas poser des questions simples ‐ comment vont les enfants ? As‐tu vu le match à la télé ? ‐, parler de tout et de rien, comme on dit. Ce que les anglo‐saxons appellent « small talk ». Elle ne sait pas amorcer une conversation, encore moins l’alimenter, la relancer, la conclure. Le « small talk » est sa bête noire, son calvaire, son agonie.
Elle a des choses à dire pourtant. Toute seule dans son salon, le soir, elle déverse ses idées sur la vie dans de longs soliloques qui la soulagent tout en lui laissant un goût amer. Elle ignore d’où lui vient ce mal, mais elle sait qu’elle n’en peut plus de la solitude où l’enferme sa drôle de paralysie. Elle veut de toutes ses forces s’intégrer, faire partie du monde. Alors elle décide de changer. Avec les conseils de l’experte en échange conversationnel trouvée sur Internet, Justine part à la conquête du dialogue. Son territoire d’expérimentation : ses collègues de travail, sa voisine de palier, une ancienne camarade de classe, mais aussi sa mère ‐ parleuse compulsive devenue aphasique à la suite d’un accident ‐, son père taciturne, sa belle‐mère muette, sa bellesoeur exaltée, son frère Charlie, tombé dans le « small talk » quand il était bébé, véritable prince de la conversation.
La pièce raconte le parcours de Justine, ses audaces, ses échecs, ses progrès, ses découragements, ses rechutes, jusqu’à la tension extrême. En parallèle, un jeune homme, Timothée, suit sa propre trajectoire désespérée. Leurs itinéraires finiront par se croiser, et alors, l’art de la conversation prendra un tout autre sens.
40, rue du théâtre 88540 Bussang