Prix de la SPEDIDAM, Molières 2005
Opérette des années folles
La Compagnie Les Brigands
Note du metteur en scène
La presse
1922 : Paris s’efforce d’oublier l’effroyable Grande Guerre et s’amuse, retrouve sa légèreté ; l’opérette connaît alors une de ses heures de gloire. Après avoir servi sept ans sous les drapeaux, Maurice Yvain, déjà célèbre comme compositeur de chansons à succès, répond à une commande pour un contrat de trois opérettes. Naît ainsi le triptyque Ta bouche, Pas sur la bouche et Bouche à bouche. Les dialogues de Ta Bouche sont signés Yves Mirande mais toute la saveur de l’ouvrage tient dans les lyrics de l’incomparable Albert Willemetz disparu en 1964, il y a tout juste quarante ans.
Truc-sur-mer, Pouic-les-flots et Tric-les-bains, les stations balnéaires à la mode sont le décor des trois actes rocambolesques de Ta Bouche. Ou comment bien marier ses enfants lorsqu’on est ruiné, tout en dissimulant son pitoyable train de vie… et en cherchant à se marier soi-même ? Séduction à tous les âges et à tous les étages ! On s’aime et se quitte suivant les étés. La musique allègre sert parfaitement cette intrigue vaudevillesque. Les tubes s’enchaînent élégamment dans une profusion de rythmes à la mode : Ta bouche est un succès.
La récente adaptation pour le cinéma de Pas sur la bouche par Alain Resnais démontre combien le charme d’Yvain touche au-delà du simple public amateur de ce genre. Les mélomanes s’inclinent, déjà Honegger comparait la facture de ces finals à celle d’un Haydn ! Le grand public, lui, fait le choix de la légèreté, adopte ce remède contre la morosité et ne peut rester insensible à ces fox-trots, javas, charlestons et autres bostons. Vivrions-nous un genre d’années folles ?
Direction musicale : Benjamin Lévy
Créée en mai 2001 pour coproduire Barbe-Bleue d’Offenbach, elle réunit une quinzaine de chanteurs dont la plupart sont issus du prestigieux Chœur des Musiciens du Louvre. Les Brigands ont en trois ans proposé trois ouvrages méconnus d’Offenbach salués par la critique : Barbe-Bleue, Geneviève de Brabant, Le Docteur Ox, tous trois dirigés par Benjamin Lévy et mis en scène par Stéphan Druet. L’Athénée a reçu les deux derniers en décembre 2002 et décembre 2003.
A la lecture de Ta Bouche, nous avons immédiatement été touchés par la complicité manifeste du compositeur et du parolier. Albert Willemetz est l’inventeur du terme « lyrics » procédé qui consiste à écrire les paroles sur une musique préalablement écrite, l’adéquation des deux éléments apparaissant évidente et donc très savoureuse.
Travailler ensemble, en collaboration, faire se rencontrer les différents corps de métier qui composent le monde de l’opéra, habituellement si cloisonné : tel a toujours été notre souhait au sein de la Compagnie Les Brigands. C’est aussi pour cela que nous avons souhaité que la succession « texte puis musique puis texte », inhérente à ce genre, soit le plus estompée et souple possible puisque ce que l’on dit en chantant est aussi important que ce que l’on dit en jouant.
Mais à quel genre appartient Ta Bouche ? Est-ce de l’opéra-bouffe, de la chanson, de la comédie musicale, du jazz ? Ma sensation est que nous sommes à la croisée de tous ces chemins, en présence d’une musique qui annonce le jazz ou le « swing », styles qui, à l’époque en France, n’en étaient qu’à leurs balbutiements. Alors que l’on entend souvent cette musique arrangée de manière très « jazzifiée », la partition d’orchestre originale révèle une nomenclature comparable à celle de l’orchestre requis par Offenbach une cinquantaine d’années auparavant. C’est pourquoi, avec Thibault Perrine qui a arrangé la partition pour onze musiciens, nous avons tenté de redonner à cette musique sa saveur d’origine, de retrouver les couleurs d’une époque, de redonner à entendre des « chansons » comme on les chantait avant l’arrivée du microphone.
Un style musical qui chemine vers un autre, des influences que l’on sent poindre, un ouvrage à la lisière de plusieurs genres, qui s’émulsionnent sans se perdre : c’est un véritable petit opéra « en-chanté » que nous avons hâte de livrer aux yeux et aux oreilles du public. Le terme « opérette » reste encore mal connoté, il évoque un style par trop sucré et désuet. Je suis plus à l’aise avec les termes d’ « opéra bouffe » et de « comédie musicale ». Après avoir montré trois ouvrages méconnus d’Offenbach, nous avons choisi d’enjamber un demi-siècle pour investir les Années Folles qui par leur insouciance et leur impertinence font écho à l’esprit d’Offenbach. L’Après-Guerre de 14-18 a fait souffler sur l’Europe un premier courant d’air atlantique… la mode n’est plus à l’opérette viennoise mais aux rythmes anglais et américains…
Ta Bouche est en France une des premières comédies musicales, elle inaugure un genre qui annonce Broadway, le jazz, Mistinguett et pourquoi pas Les Demoiselles de Rochefort. Le Répertoire lyrique léger est immense. Il faut souvent produire vite et dans l’air du temps. Ta Bouche est un produit de circonstance fabriquait en quelques semaines pour l’inauguration du Théâtre Daunou à Paris. Il se distingue cependant en réunissant deux des artistes les plus prometteurs et emblématiques de l’Entre-deux-guerres : Maurice Yvain et Albert Willemetz. Le brio, la finesse, l’esprit, la légèreté de chacun de ces touche-à-tout surdoués donnent naissance à une pièce vraiment à part. La forme est très classique, placée sous le signe du chiffre trois : trois couples + un trio de jeunes filles, trois actes dans trois lieux à peine différents au cours de trois étés successifs. Mais le propos est plus subversif, parfois grivois, souvent cocasse. L’objet est cependant est fragile. Il ne promet aucune audace scénographique. Le décor dessiné par Florence Evrard respecte les conventions mais privilégie l’image à l’illusion.
Avec Elisabeth de Sauverzac (costumes), nous avons souhaité offrir quelques images propres à l’image des années vingt pour ensuite s’échapper au gré des actes vers une imagerie plus moderne qui souligne le temps qui passe et l’émancipation des personnages. Le texte parlé a été réduit sans que l’on puisse parler d’adaptation. Il traite du ridicule de situations sociales et matrimoniales convenues : nous avons souhaité garder le goût de ce vaudeville plutôt efficace. Comme souvent à l’époque, l’un (Mirande) écrit des dialogues parlés et l’autre (Willemetz) les lyrics, les textes chantés, sous forme de véritables numéros clos dont certains peuvent être chantés hors contexte. On vendait à l’époque, comme aujourd’hui les disques « singles », des brochures séparées de la partition afin d’assurer la diffusion et la promotion de tel ou tel « tube ».
C’est Willemetz qui retient davantage l’attention : à la fois poète, bourgeois, directeur de théâtre et homme d’affaires. Il a écrit pour tous les grands noms du milieu de siècle de Mistinguett à Gabin et quelques chansons de légende comme Mon homme. La prosodie est parfaite, la rime est juste, le ton délicieux et souvent grinçant…du grand art ! Nous avons privilégié un vrai jeu de théâtre que distraient pour le pur plaisir, la danse et la chanson. On s’amuse sans s’abuser à quelques scènes cinégéniques, à un numéro de cabaret, à quelque quatuor symétrique et à se croire au bord de l’eau.
Stéphane Druet
"Les Brigands entonnent un Ta Bouche jubilatoire. Ta Bouche est un réjouissant spectacle qui équilibre théâtre parlé et numéros chantés." Pierre Gervasoni, Le Monde
"Du rétro épatant. Le texte d'Yves Mirande, les lyrics d'Albert Willemetz... Idiot et génial !" Philippe Tesson, Le Figaro magazine
"Faites-vous plaisir avec Ta Bouche ! (...) cette petite perle pimpante et acidulée retrouve sa saveur, sa fraîcheur. La mise en scène de Stéphan Druet est malicieuse et ingénue. La troupe se révèle épatante. Benjamin Lévy donne un rythme jubilatoire et enlevé à ce spectacle tout à fait délicieux." Agnès Dalbard, Le Parisien
"Le souffle des Années folles." Jacques Doucelin, Le Figaro
"Le vaudeville à pleine Bouche. Il en résulte des duos magiques d'éloquence et des quatuors rythmiquement virtuoses, d'autant plus désopilants que réglés vocalement et chorégraphiquement au cordeau." Eric Dahan, Libération
"Un baiser sur Ta Bouche. Adapté avec brio par la Compagnie Les Brigands... Léger et subversif." Jean-Louis Lemarchand, La Tribune
"Un bijou des Années folles. Le chef, Benjamin Lévy, se démène pour rendre justice à l'invention rythmique dans les finals et à la tonalité "parfum de Paris" corsée par un peu de swing." Yves Bourgade, Figaroscope
"Ta bouche (A croquer !)." Le Canard enchaîné, Bernard Thomas
Je vous souhaite de trouver des places .... mais cela ne va pas être facile....J'ai eu la chance de voir Ta Bouche après avoir gouté le Docteur Ox monté par ces mêmes Brigands la saison dernière. Que dire sinon que c'est magnifique! La troupe est composée de jeunes chanteurs / comédiens dont on ne sait pas s'ils sont plus chanteurs que comédiens (et vice versa). Les voix très belles sont bien servies par un orchestre remarquablement dirigé par un jeune chef. Les costumes viennent confirmer le talent d'Elisabeth de Sauverzac.
Qu'avez-vous pensez de cette pièce, j'aimerais beaucoup savoir parce que je voudrais aller la voir ce week-end... Merci à vous !
Je vous souhaite de trouver des places .... mais cela ne va pas être facile....J'ai eu la chance de voir Ta Bouche après avoir gouté le Docteur Ox monté par ces mêmes Brigands la saison dernière. Que dire sinon que c'est magnifique! La troupe est composée de jeunes chanteurs / comédiens dont on ne sait pas s'ils sont plus chanteurs que comédiens (et vice versa). Les voix très belles sont bien servies par un orchestre remarquablement dirigé par un jeune chef. Les costumes viennent confirmer le talent d'Elisabeth de Sauverzac.
Qu'avez-vous pensez de cette pièce, j'aimerais beaucoup savoir parce que je voudrais aller la voir ce week-end... Merci à vous !
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris