Présentation
Fascinant Tartuffe
« A lheure où la montée de lintégrisme et autres sectes se fait plus présente et menaçante, il me semblait important de donner à revoir ce texte où le fanatisme religieux conduit une famille à sa propre perte... Cette « comédie de limposture » est toujours actuelle et son statut de « classique universel » ne doit pas faire oublier sa totale actualité. Comme la famille de lan 2000 lutte pour survivre face aux assauts de notre société contemporaine, la famille du Tartuffe se refond à la fin de la pièce malgré, ou à cause, de lépreuve quelle vient de subir.
Il faut donc montrer la décomposition dun microcosme social, privé de points de
repères, au profit dun homme « de Dieu » (charlatan, ancien forçat...) pour se
hisser socialement, lui aussi, grâce à la religion.
Il faut aussi montrer la résistance de la cellule familiale face à cette intrusion. Car
la famille du Tartuffe nest pas celle de Théorème de Pasolini. Face à sa propre
décomposition, elle se rebelle, elle fomente sa propre révolte. Cest cette lutte
pour sa survie qui est passionnante, cristallisée autour dElmire, femme-objet,
chair convoitée, et de Dorine, figure résistante par excellence. Elle est le regard et
la parole du spectacle, celle qui déchire le voile de ceux qui sont devenus aveugles ...
»
Jean Luc Revol
« Tartuffe nen finit pas de rester une énigme ... Le personnage nen finit
pas de tromper son monde et à qui croit le saisir, il échappe encore et toujours.
La pièce de Molière avance, masquée : cest sa seule certitude avérée - Tartuffe,
dès la première version de la comédie, est « lhypocrite », lié par
létymologie même du masque de théâtre et sans doute est-ce là sa vérité
profonde ...
Ce que Tartuffe révèle sous la lumière crue de la scène,
nest-ce pas lambiguïté même de lhomme, ses contradictions, ses
hésitations, ses paradoxes, sa double face? En tendant au spectateur le miroir
grossissant où il peut, par lexutoire du rire, se regarder en face, Molière crée
cette connivence qui, quoi quon en dise, fait que, si abominable quil soit,
lon narrive pas vraiment à condamner Tartuffe . »
Jean Serroy, Professeur à luniversité Stendhal de Grenoble
136, rue Loubon 13003 Marseille