« Les représentations archaïques ne sont pas réalistes mais elles ont la peau dure. Et parlent un langage idéologique parfois fait pour masquer une réalité singulièrement plus contrastée. Ainsi de l’importance accordée au pénis, le plus souvent magnifié en phallus, que les sociétés instituent. Comme si elles transmettaient le lointain souvenir de l’homo erectus. Se saisissant de cette problématique, pregnante en Afrique du Sud, où les femmes sont souvent maltraitées et subornées, Thabiso Heccius Pule et Thami Hector Manekehla, se lancent dans une performance où ils se convertissent en pénis et imaginent ses mouvements comme ses pensées. Une si petite chose peut-elle prendre le contrôle d’un homme tout entier ? Au delà de l’humour provocateur qu’une telle démarche suppose, ils questionnent également le rapport au préservatif et à la contamination HIV… »
Agnès Izrine
Programme Danse l’Afrique danse ! 2012
Chorégraphie, danse : Thabiso Heccius Pule, Hector Thami Manekehla
Le travail de Gaëlle Bourges creuse le sillon de la sexualité, ses représentations, et le dialogue continu entre discours, pensées, images, imaginaires construits par la culture occidentale, et réponses produites par nos cerveaux. Le verrou tente, non pas de déconstruire, mais d’introduire du doute, de la distance, de la dérision là où tout fait bloc. La peinture occidentale ne nous habite-t-elle pas autant que les thèses de Freud, que l’iconographie de la presse populaire, du cinéma, d’internet, que l’infra-langage des discours politiques, médicaux, législatifs, que la crise, etc… ? L’arsenal qui organise, informe, régule ce qui nous constitue est une machine difficile à arrêter, et pourtant quelque chose de nous résiste dans un « à côté » de la représentation : les rapports à l’autre, qui passent aussi par du sexuel, vivent dans une part de «non-représenté». Le verrou, tente de différencier les multiples strates qui fabriquent ces rapports et s’ouvre sur une représentation du tableau éponyme de Jean Honoré Fragonard, peint en 1778. En scène : quatre performeurs livrent leur analyse du tableau. Le verrou mêle histoire de l’art officielle et histoires d’art fictionnelles, réminiscences du siècle des Lumières, libertinage imaginaire et atmosphère prérévolutionnaire, performances physiques sur un lit et performances discursives à la table.
Projet chorégraphique : Gaëlle Bourges
Avec Gaëlle Bourges, Marianne Chargois, Gaspard Delanoë, Alice Roland
Texte coécrit par Gaëlle Bourges, Marianne Chargois, Gaspard Delanoë, Alice Roland
20, rue Marie-Anne Colombier 93170 Bagnolet
Voiture A3 ou périphérique, sortie Porte de Bagnolet. Direction Centre Ville par la rue Sadi-Carnot puis prendre à gauche avant l’église, rue Marie-Anne Colombier.