The telephone or l’amour à trois... et autres gourmandises musicales douces-amères
Un spectacle lyrique aux couleurs de l’Amérique moderne, où larmes et rires se côtoient malgré eux...
Des mélodies qui s’égarent entre tragédie amoureuse et réminiscences nostalgiques pour laisser place à un tableau satirique du couple moderne : Lucy, jeune femme exubérante et quelque peu égocentrique, voue un amour aveugle pour l’objet de bakélite qui trône au milieu de son appartement : son téléphone. Ben, amant transi, se désespère à mesure que l’heure tourne : il veut lui faire sa demande avant de partir en voyage. Aucune de ses tentatives n’aboutit – il essaie, au bord de la crise de nerfs, d’attenter à la vie de la machine diabolique.
Pour la composition du spectacle, nous avons voulu rester fidèles à l’histoire de cette oeuvre, commandée par la Ballet Society pour compléter le programme d’une soirée qui présentait la tragédie en deux actes The Medium de Menotti. C’est pourquoi notre spectacle est composé de deux parties : il commence par des oeuvres lyriques au ton plus sérieux et se poursuit par The Telephone. Ce dédoublement permet de retrouver le contraste entre la tragédie et l’”intermezzo” comique voulu par Menotti.
Notre démarche scénographique et de mise en scène a été motivée par la grande actualité des personnages et les relations qu’ils entretiennent les uns avec les autres. L’opéra bouffe The Telephone, écrit en 1947, offre un tableau ironique et parfois cynique de l’Amérique de son époque et notamment de la redéfinition des rôles au sein du couple moderne. La femme se libère du carcan de la traditionnelle ménagère d’avant-guerre. Elle ne s’occupe plus de son foyer mais d’elle, verse dans le luxe de la futilité et du superflu jusqu’à se laisser bercer par des rêves hédonistes jusqu’alors interdits. La contemporanéité de l’analyse du compositeur-librettiste et l’anticipation qu’il fait également sur l’intrusion des nouvelles technologies dans notre quotidien rendent ce sujet d’autant plus proche de nos préoccupations actuelles. The Telephone nous renvoie l’image du délire virtuel qui a habité progressivement les rapports humains jusqu’à aujourd’hui…pour le meilleur ou pour le pire !
Gian Carlo Menotti, compositeur
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris