Puisant dans le romantisme de Franz Schubert, La jeune fille et la mort est une méditation tout en mouvement. Et la première invitation de Thomas Lebrun à Chaillot.
Silhouette habituée des créations chorégraphiques de Bernard Glandier, Daniel Larrieu ou Christine Bastin, Thomas Lebrun fait depuis une dizaine d’années entendre sa propre voix avec des spectacles contrastés. La Trêve(s), Switch, Itinéraire d’un danseur grassouillet ou encore La constellation consternée : sa compagnie Illico affirme un propos à la théâtralité appuyée, à la danse exigeante.
La jeune fille et la mort, pour sept interprètes et un quatuor en direct, est une autre étape dans le parcours de Thomas Lebrun. Le lied romantique par excellence, qui a donné son nom au spectacle, est un savant mélange de candeur et de visions sombres qui puise dans la mythologie grecque ses origines : l’enlèvement de Coré, fille de la déesse Déméter, par le dieu des Enfers, la Mort donc. Au-delà, le mythe conte le cycle des saisons et sera une source d’inspiration des artistes de tout temps. Thomas Lebrun explique : « Tout en gardant le recul que l’histoire a trouvé face au lyrisme de l’époque, tout en trouvant la place dans ce que l’art chorégraphique actuel produit, j’aimerais fouiller le romantisme d’aujourd’hui avec une équipe artistique éclectique ».
D’Anthony Cazaux à Odile Azagury et Christine Gérard, de Corinne Lopez à Raphaël Cottin, de Christian Ubl à Anne-Sophie Lancelin, c’est une autre constellation chorégraphique au-delà des générations qui se dessine. Le romantisme selon Thomas Lebrun dépasse les modes : sa jeune fille va « voir, accepter, oser, résister, commettre ». Et nous de l’accompagner.
Philippe Noisette
Quatuor Voce Sarah Dayan (violon), Cecile Roubin (violon), Guillaume Becker (alto) et Florian Frere (violoncelle).
Musique La jeune fille et la mort de Franz Schubert (Quatuor à cordes, D 810 et Lied Opus 7 n°13, D351)
« Le masque pâle, fermé et impassible, Odile Azagury et Christine Gérard apparaissent sur le théâtre comme des Parques tragiques. Portant en elles le poids de leur passé et de leur expérience féconde, elles se révèlent saisissantes dans leurs rôles et contribuent puissamment à la beauté de l’œuvre. » Le Nouvel Observateur
1, Place du Trocadéro 75016 Paris