Topor-Party

Paris 4e
du 7 mars au 15 avril 2000

Topor-Party

CLASSIQUE Terminé

Autour d'une table de bistrot, Roland Topor et Mehmet Ulusoy ont eu le projet de créer un spectacle ensemble. Roland a hélas disparu. Inspiré de plusieurs de ses œuvres, "Topor-Party" est un hommage à l'imaginaire de l'auteur.

Présentation
L'artiste multiple par Topor (1966)
Tharhunda Théâtre

Adaptation de Richard Soudée

Autour d'une table de bistrot, Roland Topor et Mehmet Ulusoy ont eu le projet de créer un spectacle ensemble. Roland a hélas disparu et l'idée de mettre en scène l'univers de Topor en utilisant plusieurs de ses œuvres prend aujourd'hui le caractère d'un hommage.

TOPOR-PARTY s'inspire de différents textes de l'auteur : nouvelles, récits biographiques, contes, aphorismes, dialogues, chansons. L'humour noir de Topor s'y manifeste travers l'invention de fictions où il rejoint des auteurs tels que Rabelais et Alfred Jarry. Les textes du spectacle sont principalement issus de deux recueils : "Four roses for Lucienne" et "Made in Taiwan" son dernier ouvrage.

Le "bistrot" était un des lieux familiers de Topor et on le retrouve dans ses œuvres. Il n'est pas question dans "Topor-Party" de représenter un bistrot sur scène, ni de faire du café-théâtre, mais, puisant dans l'esprit de ce lieu de rencontre, l'idée est cependant de trouver une liberté d'invention et un contact direct des acteurs avec le public.

Le choix pour ce spectacle de la forme du "spectacle-montage" est lié aux caractères spécifiques de l'imaginaire de Topor. Le rire ou l'effroi surgit de la juxtaposition de gros plans et de plans larges, de la rencontre d'objets insolites, de la confrontation de la tête et du derrière... Dans un style différent, cette recherche n'est pas sans rapport avec celle d'un Georges Bataille en quête d'une nouvelle anthropologie, passant par un écorchement de la figuration (cf. la revue "DOCUMENTS" et, notamment, la référence aux montages d'Eisenstein).

Les grands thèmes du spectacle sont venus de l'étude de son œuvre. Topor joue avec les mots, avec les corps, avec la mort, avec l'amour, avec les conformismes. L’homme Topor deux facettes : le "personnage" médiatique ou très entouré, qui occulte parfois l'œuvre, et l'homme secret. Cette réalité fait partie du spectacle. Sur scène, nous montrons tour à tour l'homme aimant le public, offrant généreusement, parlant brillamment, plaisantant, et l'homme blessé, fuyant, doutant.

Le dépouillement de l'homme face au miroir et sa transformation en femme, thèmes récurrents chez l'auteur, se trouvent au départ de notre travail. Plus largement, le spectacle réserve aux transformations du corps la place centrale qu'elles occupent dans l'œuvre : le corps y est reflété, portraituré, travesti, habité, possédé, dépossédé, contorsionné, mis en espace, plissé, écartelé... Suivant l'exemple du "Petit Tailleur" qui court sous la table une paire de ciseaux la main dans un tableau de l'artiste, le corps est ensuite découpé, mis en pièces, avant d'être monté, retouché, remanié ou dévoré, libéré de sa pesanteur... Dans ses "histoires de morts", l'imaginaire de Topor est ainsi plus débridé que jamais, enfin "débarrassé du cauchemar de la fragilité du corps".

Topor est un plasticien et un exceptionnel créateur d'images, mais le décor et les accessoires du spectacle ne sont pas calqués sur ses œuvres figuratives. Les dessins de l'auteur ont cependant fortement inspiré le jeu des comédiens et l'imaginaire du metteur en scène. Topor affirmait : "la hiérarchie officielle des valeurs corporelles devrait être entièrement revue et corrigée. La cheville vaut le cou, la clavicule le sexe, le front n'a pas moins de noblesse lorsqu'il se trouve la hauteur des hanches".Les acteurs du spectacle ne sont pas contorsionnistes, mais la scénographie et les objets manipulés leur permettent de sortir des postures corporelles quotidiennes. Un pied surgit d'une trappe ; un instrument de musique morcelle un visage et devient œil ou miroir. Les acteurs incarnent tous Topor. La présence d'une comédienne n'est pas uniquement liée l'incarnation de personnages féminins ; elle est aussi Roland Topor, l'auteur, le narrateur et son devenir féminin. Comédiens et manipulateurs, les interprètes sont enfin musiciens : voix, chansons et personnages instrumentistes se mêlent étroitement aux images.Richard SOUDEE

Pourquoi peignez-vous ?
Pour ressembler un peintre. C'est si beau un peintre ! Le peintre : un homme dévoré par la passion de son art. Le regard fiévreux, juste ce qu'il faut de barbe, les joues creuses, l'oreille coupée, le pinceau impatient, et, devant lui, le chef-d’œuvre qui s'ébauche, se parfait pour aboutir au Louvre. Plus tard les promenades en forêt, le verre de rouge, et la compagnie des autres peintres, l'odieuse compagnie des autres peintres. C'est si triste un peintre ! D'ailleurs, on le sait, il faut que les peintres soient bêtes.

Pourquoi écrivez-vous ?
Pour ressembler un écrivain. C'est si beau un écrivain ! L'écrivain : le col de la chemise dénoué, la cravate défaite, la machine écrire crépitante, la bouteille de bourbon dans le tiroir. Un mégot éteint pendu aux lèvres, le regard dégoulinant d'humanité, et en route pour le Goncourt ! Plus tard, l'écrivain pleure, car c'est si triste la littérature !

Pourquoi faites-vous des films ?
Pour ressembler un cinéaste ! Le cinéaste : des lunettes noires, une foule de gens autour de lui, des starlettes, le festival de cannes, Hollywood... Mais avant .... Elle n'est pas brillante la situation du court métrage en France. Tours n'est pas Cannes. Comme c'est triste de faire des courts métrages !

Pourquoi ne faites-vous rien ?
Pour ressembler à un héros. C'est si beau, c'est si triste un héros !

Et vous avez le temps de faire tout La ?
Oui, je dors beaucoup.

Vous n'êtes ni peintre, ni écrivain, ni cinéaste, ni héros, vous êtes humoriste. C'est drôle un humoriste !

Je suis né l'hôpital
Saint -Louis proche du Canal
Saint Martin en trente-huit
Aussitôt j'ai pris la fuite
Avec tous les flics aux fesses
Allemands nazis SS
Les Français cousins germains
Leur donnaient un coup de main
En l'honneur du Maréchal
Pour la Solution Finale
Bref je me suis retrouvé
En Savoie chez les Suavet
Caché près de Saint-Offenge
En attendant que La change
Je n'avais qu'un seul souci
Celui de rester en vie
Après la Libération
J'avais encor l'obsession
D'arriver jusqu'à dix ans
Ensuite il serait bien temps
De réclamer un peu plus
Si j'échappais aux virus
Cette période historique
M'a insufflé la Panique
J'ai conservé le dégoût
De la foule et des gourous
De l'ennui et du sacré
De la poésie sucrée
Des moisis des pisse-froid
Des univers l'étroit
Des collabos des fascistes
Des musulmans intégristes
De tous ceux dont l'idéal
Nie ma nature animale
A se nourrir de sornettes
On devient pire que bête
Je veux que mon existence
Soit une suprême offense
Aux vautours qui s'impatientent
Depuis les années quarante
En illustrant sans complexe
Le sang la merde et le sexe.

TOPOR

TARHUNDA THEATRE, créé en 1997, est une structure dont l'objectif est la réalisation de spectacles interculturels, travers notamment la collaboration de créateur français et turcs. Son nom lui vient de "Tarhunt", chef du panthéon hittite, dieu de l'orage, c'est le Zeus anatolien. Cette association est en quête d'une meilleure compréhension entre les peuples et les cultures du monde. Mehmet ULUSOY est le point d'une rencontre tout tour spontanée, libre, voulue, nécessaire, entre des formes artistiques, voire des techniques totalement différentes qui tiennent d'un côté aux arts et artisanat turcs traditionnels, de l'autre aux art plastiques d'aujourd'hui. Tout se passe comme s'il les vivait simultanément, comme s'il les confrontait en un jeu de montage qui loin de les fondre les exalte en un rapport dialectique sans cesse enrichi.Comme tous les arts populaires profonds, comme Brueghel auquel il voue une admiration constamment en éveil, Mehmet Ulusoy part du réel et du quotidien, des hommes et des objets, de leurs rapports qui s'inscrivent dans l'histoire. Mais il ne copie pas le réel, il le révèle et, pour l'éclairer pleinement, il passe par les détours - qui ne sont qu'apparents - de la métaphore, du fantastique et de l'imaginaire. C'est par leur biais qu'il atteint le spectateur.Denis Bablet (Les voies de la création théâtrale 1984 pp 227-228)"Spectacle-montage" et "Théâtre récit"

Avec la troupe du Théâtre de Liberté, Mehmet ULUSOY est l'inventeur d'une forme de théâtre total, fondée sur le principe du montage. Mosaïque de fragments d'images et de textes s'apparentant aux collages surréalistes, suite percutante de plans, assemblage de déchets formant des accessoires proches des œuvres des nouveaux réalistes. Au cours de cette même période Antoine Vitez explore le "théâtre-récit", Mehmet et son équipe trouvent de nouvelles voies de narration, combinant fragmentation des textes et travail de conteur.L'apport de comédiens est fondamental. Dans les "spectacles-montage", tout ce qui est sur scène est joué, porté par les interprètes, qui sont acteur et manipulateur, conteur et musicien. Les séquences des spectacles procèdent aussi bien sûr d'une écriture. Qu'ils soient contes, romans, poèmes, pièces de théâtre ou articles de journaux, les textes subissent deux traitements majeurs : une fragmentation autorisant les acteurs manipuler les mots aussi librement que des objets et une mise en récit permettant de conter une histoire. L'interaction avec des musiciens donne enfin au montage un lien autre que verbal.Richard Soudée

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6, rue Pierre-au-Lard 75004 Paris

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Essaïon
6, rue Pierre-au-Lard 75004 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 15 avril 2000

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