Touche-moi

Saint-Maur-des-Fossés (94)
du 17 au 26 janvier 2014

Touche-moi

Le parcours initiatique intérieur que traverse, cahin-caha, une jeune femme d'aujourd'hui. Elle se débat, de façon drôle et touchante, contre les humiliations de sa mère et essaie, bec et ongles, de devenir une femme. Tout simplement.
  • Casser les schémas

Rosa, une jeune pianiste de trente ans, attend Capucine - son élève - assise devant le clavier d'ivoire et d'ébène. Mais l'enfant a mieux à faire avec sa console. Alors, plus les minutes d'attente s'envolent, plus Rosa plonge profond en elle-même, nous entraînant avec elle dans le tourbillon des réflexions, dans les méandres des angoisses et des rapports maternels, dans les bourrasques des remises en question et des manques de confiance en soi. Elle désire surtout casser les schémas très anciens qui la lient autant à sa mère qu'à ses complexes.

Touche-moi est avant tout un parcours initiatique intérieur que traverse, cahin-caha, une jeune femme d'aujourd'hui, une jeune femme de son temps. Elle s'y débat, de façon drôle et touchante, contre les humiliations de sa mère et essaie, bec et ongles, de devenir une femme. Tout simplement.

  • Note auteurs

Le complexe. Le complexe, le complexe peut supprimer ou ralentir toute possibilité de réaction, ou toute activité chez quelqu'un. Les complexes naissent souvent à l'adolescence. Mais d'où viennent-ils et ou s'enracinent-ils ? Le complexe se pose en empêcheur d'être aimé en empêcheur de trouver sa place parmi les autres. Un exemple : « Je suis trop grosse pour être aimée » . Notre personnage Rosa Moi est complexée par ses fesses qu'elle dit « monstrueuses » , car elle s'est construite avec le regard de sa mère lui imposant une paire de fesses énormes, par honte et jalousie. Les complexes naissent à l'adolescence, période où les émotions changent intensément, on devient plus fragile, plus sensible aux remarques et au regard de l'Autre.

La relation mère-fille. La partie qui se joue entre une mère et sa fille est déterminante pour le devenir de la fille.
 Pourquoi les relations mère - fille sont-elles toujours décrites sous un jour difficile et complexe ? Et pourquoi ne sont-elles pas valorisées comme les liens que peuvent unir les pères à leur fils ? Pour les filles, impossible d'échapper à leur mère, on se construit toujours par rapport à elle que ce soit en miroir ou en opposition, c'est notre premier modèle. Si la maternité est une affaire de transmission ça n'est pas seulement sur le plan biologique, c'est aussi la transmission de l'identité de la mère. Une mère jalouse empêche sa fille de trouver sa place et d'avancer.

Questions existentielles. Rosa Moi jeune femme de trente ans s'interdit le succès, freine et éteint son désir de vivre et de se réaliser, pour ne pas être plus heureuse que sa mère, ne pas perdre son amour, rester sa toute petite fille. Quel est le poids de la relation mère - fille dans la construction d'une jeune femme ? Rosa osera-t-elle devenir une femme ? Acceptera-t-elle son corps en le trouvant beau ? Se réalisera-t-elle professionnellement ? N'aura-t-elle plus peur de réussir ? Aura-t-elle à son tour l'envie d'être mère ?

Pourquoi ce sujet ? Nous avons eu envie de chercher les freins qui empêchent de se réaliser et connaître les barrières qu'on s'impose tout seul. Apprivoiser nos peurs pour apprendre à vivre avec, ou s'en débarrasser. Une fois de plus, la question du poids de la relation mère /fille dans la construction d'une jeune femme, aussi bien dans sa réussite professionnelle que dans ses premières amours, jusqu' à sa maternité , nous a habitées pendant toute notre écriture. Ce sont deux thèmes qui nous touchent tout particulièrement. Nos parcours de vie, notre enfance et surtout notre adolescence, période critique dans la construction du futur adulte que nous seront , ont été hantés par le complexe. Complexes résultant de réflexions faites par l'entourage, mais également complexes liés à une sorte d'image idéale à laquelle nous voulions à tout prix ressembler parce que nous n'avions pas confiance en nous. C'est là que le regard de la mère prend tout son sens puisque c'est le premier regard grâce auquel l'enfant va se construire. L'une ou l'autre, nous nous sommes senties pendant l'adolescence, très complexées par nos fesses ou nos cuisses, au point d'être totalement inhibées et déstabilisées dans certaines situations. C'est grâce à différentes rencontres et à des regards aimants que nos peurs se sont dissipées.

Pourquoi ce titre ? Le titre Touche moi fait écho aux touches du piano, objet à travers lequel se jouent tous les conflits, les humiliations, mais aussi les vibrations et l'amour fusionnel de la mère de Rosa pour sa fille. Le piano, qu'elle fait pour faire plaisir à sa mère qui ne l'a jamais touchée, devient le masque de tous ses désirs. Phrase très intime, qui peut rendre vulnérable, créé un trouble aussi bien pour celui qui la dit que celui qui la reçoit, pour nous la demande « Touche moi » renvoie aussi bien au toucher physique, qu'au toucher du cœur.

  • Note de la mise en scène

Pourquoi ? Touche-moi est une pièce de femmes, autant dans l'écriture que dans les sujets qui y sont abordés. Ce n'est pas la première fois que je m'attèle à monter une pièce qui a pour structure centrale les rapports « mère-fille ». Sans être directement impliqué, ces rapports mystérieux et complexes m'ont toujours intrigué.

Une première fois. En 2003, j'ai monté La Monstre d'Emmanuelle Delle Piane, texte en forme de voyage initiatique où un personnage remontait les chemins de l'adolescence, puis de l'enfance, pour tenter de défaire les liens qui la reliaient à sa mère, ceux-ci étant particulièrement noués. Ce texte était joué ici aussi par deux comédiennes. Le prénom de ce personnage - Maryline - était divisé en deux : Marie et Line. Il y avait donc un travail d'écriture qui abordait le dédoublement de personnalité de façon subtile.

Des similitudes. Deux textes. Une tendresse et une patte toute féminine dans l'écriture et dans la façon humaine et légère d'aborder ces sujets de fond. On y trouve également un univers légèrement décalé qui permet toutes les rêveries possibles quand à la façon de « donner à montrer » sur un plateau, un champ des possibles étendu, une magie et une tendresse toute salutaire.

Un constat de départ ouvert sur tous les possibles. Dans Touche-moi le personnage central - Rosa Moi - est entier. Il n'est pourtant pas seul - il ne s'agit pas à réellement parler d'un monologue - puisqu'il est rejoint par une multitude de personnages, croqués avec humour et tendresse, qui ont jalonnés, ou jalonnent toujours, l'existence de Rosa. Mais de part le point de départ de la pièce - une jeune fille attend son élève pour lui donner son cours de piano, ce qui lui laisse le temps de plonger en elle et de refaire le chemin du passé, avec ses angoisses, ses questionnements et ses non-réponses - nous nous retrouvons dans la tête de cette jeune femme. Et cette convention permet le partage du texte de Rosa et des autres personnages qui apparaissent au fur et à mesure entre les deux comédiennes.

Rythmiques, espaces temps multiples. Le texte, sculpté par le partage entre les comédiennes, ouvre alors bien des possibilités de jeux et de rythmiques. Charlotte Boimare et Magali Solignat interpréteront bien évidemment toutes deux le personnage de Rosa Moi - avec leur façon d'être à chacune - ce qui apportera le côté double du personnage et que nous possédons tous, mais aussi tous les autres protagonistes, avec les mêmes tenants et aboutissants. Cela aura donc pour effet de casser le côté unilatéral qu'ont parfois certains monologues. Un texte pour un seul personnage en deux dimensions, en quelque sorte.

Adresses multiples. Ce parti-pris offre également des possibilités d'adresses multiples :
Adresse au public à qui on raconte cette histoire, au temps présent.
Adresse à elle-même lorsqu'elle se parle, à haute voix.
Adresse entre les personnages, lorsque nous montrons à voir des scénettes du passé.
Adresse entre les deux Rosa dans les passages à un seul personnage et qui pourrait avoir pour but de montrer les conflits intérieurs qu'elle traverse.
De par le texte même, les espaces temps sont également multiples puisque Rosa Moi est en attente de son élève, mais lorsqu'elle entre en elle-même, on revit différents moments de son existence, des plus éloignés au plus proches.

Marier réalisme, sincérité et distanciation. L'écriture de Charlotte Boimare et Magali Solignat est réaliste - souvent - et porte un poids : celui des complexes et du mal-de- vivre. L'humour qui huile tout cela est présent, fin, et apporte sa touche d'absurde. Il ne devra sans doute pas être marqué dans le travail de mise en scène, afin de ne pas surligner. Le travail de direction d'acteur avec les comédiennes ne laissera pas la sincérité et une certaine forme d'incarnation de côté. Ceci nous semble important. Si une distanciation est évidemment nécessaire, elle sera apportée par l'univers qui entourera les deux comédiennes.

Aller dans le sens réaliste du texte ne nous semble pas être la meilleure chose à faire. En revanche, offrir une partition différente, en parallèle, de part la scénographie, les costumes, la lumière et l'univers sonore, nous permettrait de mettre en exergue les nuances multiples du texte, comme une jolie monture peut l'être pour une pierre précieuse. L'ensemble, lorsqu'on lui apporte soin et attention, sans mettre plus en avant l'un ou l'autre de ces éléments, fait bien souvent les plus jolies des bagues.

Un univers décalé. Les points de départ de réflexion pour la scénographie sont ancrés, issus du texte en lui-même. Rosa est professeur de piano. Ce piano lui pèse sur l'estomac depuis bien longtemps. Elle le voit parfois comme un monstre dans ses cauchemars. Nous partons donc actuellement sur l'idée d'un piano gigantesque et distordu - ou d'un clavier disproportionné - sur lequel « vivront » les multiples Rosa et les autres protagonistes. Une petite fille face à un bien trop grand instrument, représentant aussi bien la présence de la mère que ses envies par rapport à sa fille. Ce piano se transformera en fonction des lieux traversés par le récit de Rosa. L'une des touches noires pourrait s'ouvrir et dévoiler un véritable clavier sur lequel Charlotte Boimare - près de vingt ans de piano - pourrait jouer ; comme une sorte de mise en abîme.

L’univers lumineux. Le travail des lumières se fera à la fois de l'extérieur vers l'intérieur - de façon habituelle - mais aussi de l'intérieur vers l'extérieur où c'est le décor lui-même qui apportera la lumière. Les comédiennes apporteraient la lumière dans leur jeu. Exemple, il y a un passage où un des personnages est emmené à l'hôpital en ambulance : on peut imaginer que l'une des comédiennes tienne un gyrophare tournant. Dans un passage de cauchemars dans une rue, l'une des deux pourrait tenir une perche à laquelle serait suspendue une lampe/réverbère. Ce sont des pistes de réflexion, bien évidemment, mais l'idée serait qu'elles soient à la fois dans la scénographie et les lumières, mais aussi actrices de celles-ci.

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Théâtre de Saint-Maur

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  • Bus : Bibliothèque Municipale à 268 m, Avenue Victoria à 367 m
  • Voiture : prendre l’A4, sortie n°4 Joinville, Saint-Maur, et toujours tout droit, après Joinville, Bd Maurice Bertheaux, rue de la Varenne (à gauche après le lycée Berthelot), Bd Rabelais, avenue Foch et après le carrefour du 8 mai 45 à droite rue de la réunion et à gauche en suivant les panneaux.
    Parking
    gratuit et couvert au niveau du 47 avenue Miss Cavell. 130 places, sans ascenseur.

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Théâtre de Saint-Maur
20 rue de la liberté 94102 Saint-Maur-des-Fossés
Spectacle terminé depuis le dimanche 26 janvier 2014

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