Fenwick, auteur de théâtre, vit avec son épouse à Liberta. En juillet 2008, suite à la mort de son père en avion, Fenwick décide de se lancer dans, ce qui est pour lui, la plus grande aventure théâtrale itinérante jamais réalisée : une tournée de Brest à Vladivostok par le Transsibérien avec une proposition de théâtre-cirque jouée chaque soir ; une épopée artistique de 120 représentations à travers les 15 000 kilomètres de l’Eurasie.
Pour construire ce projet, Fenwick va devoir créer une troupe, réunir un million d’euros, trouver des partenaires, convaincre l’Institution et le « Bureau A » (plus haute instance culturelle du ministère) de soutenir son action. Dans une suite d’élans chaotiques, Fenwick tentera de réaliser son rêve et de monter le spectacle qui ira de Brest à Vladivostok : Atavisme ou la véritable de Jacques Mercier, une création inspirée par le théâtre-documentaire.
Jacques Mercier est un chanteur qui s’est produit pendant 20 ans - sans un seul soir de relâche ‐ dans un cabaret russe du quartier de Recouvrance à Brest. Au début des années 80, lorsque les marins partent pour Toulon, les lieux de nuit brestois ferment définitivement. C’est la fin des artistes de music hall et d’un monde interlope en perpétuelle partance. Jacques Mercier - dont la vie ne se résumait qu’aux soirées du cabaret – ne s’en remet pas. Il fini prostré chez lui, atteint par le syndrome de Korsakoff, une maladie psychique liée à l’alcoolisme. Dans cet enfermement, il décrit dans un carnet une tournée qu’il imaginait être en train de réaliser en Transsibérien à travers l’Eurasie alors qu’il n’a jamais quitté Brest de sa vie. Il disparaît mystérieusement en janvier 1983, à l’intérieur même de sa chambre. On ne l’a jamais revu. Aujourd’hui encore ‐ trente ans après ‐ personne ne sait ce qui s’est passé…
Ce spectacle est la continuité de On a fait tout ce qu’on a pu mais tout s’est passé comme d’habitude.
La première partie de Transsibérien… se passe en Dramatie, petite république située entre la Normandie et la Picardie. Les habitants se nomment les dramates. La capitale du pays, Liberta (1 million d'habitants) est une ville où l'activité culturelle est une des plus intense au monde. Le (MCEI) Ministère de la Culture et de l'Éducation Intensive emploi 30% de la population active. La deuxième partie se passe à Marseille, à Brest et en Russie.
Mouvement 1
Fenwick, auteur de théâtre, vit avec son épouse à Liberta. En juillet 2008, suite à la mort de son père en avion, Fenwick décide de se lancer dans, ce qui est, pour lui, la plus grande aventure théâtrale itinérante jamais réalisée : une tournée de Brest à Vladivostok par le Transsibérien avec une proposition de théâtre-cirque jouée chaque soir ; une épopée artistique de 120 représentations à travers les 15 000 kilomètres de l’Eurasie.
Pour construire ce projet, Fenwick va devoir créer une troupe, réunir un million d’euros, trouver des partenaires, convaincre l’Institution et le « Bureau A » (plus haute instance culturelle du ministère) de soutenir son action. Fenwick tentera, dans une suite d’élans chaotiques de réaliser son rêve et de monter le spectacle qui ira de Brest à Vladivostok : « Atavisme »
Mouvement 2
« Atavisme » - création inspirée par le théâtre-documentaire - est composé de plusieurs moments de la vie de Jacques Mercier lors de sa réclusion au début des années 80 et d’entretiens filmés que j’ai réalisé à Brest en 2008 avec son entourage.
Les restitutions de la vie de Jacques Mercier ont été réalisées grâce aux descriptions et aux dessins issus de son journal. Dans son récit le chanteur dépeint une tournée qu’il croyait effectuer à travers l’Union Soviétique. Voyage immobile. Atavisme est une proposition théâtrale liée au cirque et au music-hall.
Les « personnages » sur scène existent dans la réalité. La fiction devient réelle, mais la réalité n’est-elle pas elle aussi fictionnelle ? Quelle est la place du spectateur face à un témoignage théâtralisé et non plus à une histoire inventée ? Qu’est ce qui sépare, au théâtre, la vérité de l’illusion ? Atavisme est une pièce les gouffres et les noyades. Sur le fait de « prendre ses désirs pour des réalités ». Sur les rêves que l’on s’invente pour survivre. Sur la stagnation. Sur l’enfermement. Sur les portes ouvertes qui aboutissent sur des murs. Sur les silences et les silences qu’engendrent les silences. Sur les camisoles de l’esprit. Sur le ratage. Sur les désirs non réalisés. Sur les visions et les voix. Sur ceux qui, pour ne pas mourir, ont décidé de s’inventer une vie. ATAVISME est une ode à la mythification.
Janvier 1983. Jacques Mercier a 47 ans. Il écrit, enfermé, les ultimes phrases de son carnet : Demain, dernière étape et ultime représentation. Avant mon départ pour la Russie je n’ai jamais quitté la pointe du Finistère. Je n’y reviendrai pas. Je vais retrouver un nouveau large. Dans quelques heures je serai à Vladivostok.
« C'est une erreur de dire qu'un artiste cherche son sujet. Chacune de ses oeuvres est en lui comme une poussée irrésistible. Et l'enchaînement de ses actes ne trouve sa légitimité que s'il a foi en son sujet, car seule la foi cimente les images en un système, voire en un système de vie. » Andreï Tarkovski
Après avoir écrit et mis en scène Atavisme et réalisé - avec ce spectacle - une tournée de Brest vers Vladivostok en 2012 – je souhaitais raconter, de manière burlesque et tragique, le cauchemar Kafkaïen des 1 300 jours que nous avons passés, avec notre troupe, à poursuivre un rêve. Pour porter sur scène ces trois ans de course effrénée, je désirais me tourner vers la création d’un spectacle hybride et résolument « contem-forain » : On a fait tout ce qu’on a pu mais tout s’est passé comme d’habitude. En 2013, suite au festival « Villeneuve en Scène », je décide de faire de ces deux spectacles, une seule et même création : Transsibérien je suis liée à un mouvement que je tente de défendre : « le théâtre vivant ».
*Le théâtre vivant est un théâtre qui prend en compte le temps présent. Il puise sa dramaturgie dans les préoccupations de ses contemporains. Il est hybride, instinctif et remet la catharsis au centre du cercle de l’attention. Il se construit sur la précision et la spontanéité et rend le public « actif » et non captif. Le « théâtre vivant » raconte une histoire qui doit pouvoir s’adresser, de manière différente, à chaque spectateur tout en incluant la notion d’assemblée. Il propose la création de spectacles - qui s’inscrivent dans la réalité de la ville où est implanté le lieu de représentation - en rapport avec ce que les gens connaissent, pour les emmener vers ce qu’ils ne connaissent pas, notamment à l’aide de la magie qui a réussi le pari de susciter l'enthousiasme populaire autour d'écritures contemporaines. Ce théâtre - qui mélange réalité et fiction - s’appuie sur une base très naturaliste mais qui, grâce à l’onirisme, tente de sublimer le réel. C’est un théâtre où celui qui reçoit n’est jamais « à l’abri » ; un théâtre qui n’est pas dans la reconduction mais dans l’unicité.
30, rue du Chevaleret 75013 Paris