Très chers tous deux

Paris 4e
du 6 novembre au 29 décembre 2001

Très chers tous deux

Après deux pièces de théâtre de forme classique je m’en retourne, désormais libéré, à mes premiers amours : les courtes pièces, appelées encore tableaux, voire sketchs, que j’écris en y apportant autant de soin et d’ardeur éperdue que j’en mettrais dans des poèmes.

     
Présentation
A propos de Zézette et Zozo

Présentation

Après deux pièces de théâtre de forme classique,( B.C.B.G. comédie bourgeoise, puisque j’y faisais s’entredéchirer des bourgeois - Quand mes sourires prendront l’eau, mélodrame humoristique, puisqu’il était question de théâtreux au chômage) je m’en retourne, désormais libéré, à mes premiers amours : les courtes pièces, appelées encore tableaux, voire sketchs, que j’écris en y apportant autant de soin et d’ardeur éperdue que j’en mettrais dans des poèmes.
Paradoxalement, je ne me sens jamais aussi libre que lorsque je m’emprisonne dans le carcan des quinze minutes à ne surtout pas outrepasser ; car alors, dans l’écriture tout comme dans le jeu, il faut foncer tête baissée vers l’essentiel, sans même avoir le loisir de mettre des gants. C’est cette urgence, que j’aime et qui me semble être éminemment théâtrale. C’est la petite folie qui en découle, qui me désaltère le mieux. C’est la poésie que j’appelle ! alors que les phrases dites poétiques, m’ont toujours paru suspectes. 
C’est passionnant, vraiment ! de mourir à l’avant- scène, puis de se précipiter ensuite en coulisse, 
afin de se changer dans l’obscurité pour le tableau suivant, fourrer les deux pieds dans la même jambe de pantalon, se ramasser la gueule en beauté, se relever, courir retrouver la lumière en boitillant, entrer à nouveau en scène tout en se demandant :
“-Et maintenant qu’est-ce que c’est ? le tableau suivant ; vite vite! c’est quoi déjà ? ”
C’est passionnant d’entendre sa propre bouche balancer les premières répliques du fameux tableau, que l’on croyait avoir oublié.
Émilie et Gaspard - madame Zézette et monsieur Zozo - sorte de Toto et Lolo - sont deux petiots que je suis allé récupérer dans l'ombre pour les placer en pleine lumière, afin de bâtir toute une soirée théâtrale autour de deux êtres qui n'auraient jamais mis de toute leur vie, les pieds dans un théâtre. 
Pour que justice soit accomplie ? ... peut-être ! Pour nous offrir à tous l'occasion d'aérer le petiot timide et frileux, cloîtré en chacun de nous ? ... j'aimerais bien ! 
Un peu clownesque sur les bords - surtout dans les moments tragiques -  Zézette et Zozo sont particulièrement drôles, lorsqu'ils décident de redevenir sérieux. Pas de décors, car nous n’aurions pas le temps de les installer (ni d'ailleurs les moyens de les payer) mais des costumes comme autant de décor. Que mes deux "héros" glissent sur le plancher de scène, tels de rutilants escargots avec leur maison sur le dos ! out en noir et blanc, afin que nos visages pâles deviennent aussi vastes que des écrans. Et puis il y aura Dominique, bien sûr ! Dominique Constantin évidemment ! Un excellent prétexte, une précieuse raison, pour rêver d’accomplir un spectacle drôle, tragique et profond, avec de beaux yeux gris vert.

 Jean Bois

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A propos de Zézette et Zozo

Mais si, vous les connaissez ! Un petit couple, on ne peut plus convenable et discret ! Obligatoirement, vous avez dû les croiser, un jour ou l'autre, dans la cage d'escalier. Bras dessus, bras dessous, jamais le moindre bruit et toujours très polis ! Avec leurs yeux mouillés, leur museau pointu, on dirait deux souris. Ils ont emménagé dans l'immeuble, parmi les tout premiers. Au cinquième étage ... un deux pièces ... avec balconnet ! Ils ne bougent pratiquement pas de leur trou et ne reçoivent personne pourtant, ils viennent de s'offrir un paillasson tout neuf, avec écrit dessus : Welcome. Vous ne voyez vraiment pas, de qui je veux parler ? C'est malheureux à dire, mais ils finiront par mourir tellement ils sont discrets.
En Juillet dernier, tous les appartements de l'immeuble ont été cambriolés - le seul - vous m'entendez ? - le seul que les voleurs aient dédaigné ... c'est le leur ! À croire que même le malheur n'en veut pas ! C'est fou, quand même, d'en arriver à cette extrémité-là ! Une petite dame toujours bien mise !... impeccablement coiffée ! avec sur son chapeau, une pie voleuse tenant en son bec un bracelet !
Le seul luxe qu'on lui connaisse, c'est un sac à main en pur crocodile, de chez Hermès. Souvent je la croise devant les boîtes aux lettres quand je remonte avec ma demi-baguette. Jamais je ne l'ai vu dépiauter le moindre courrier, par contre, debout au beau milieu de l'entrée, histoire de faire son intéressante, elle lit et relit de A jusqu'à Z, tous les prospectus et autres foutaises ; qu' elle replie ensuite proprement comme si c'était du courrier on ne peut plus important.
Lui, on dirait toujours qu'il vit sans avoir obtenu l'autorisation. Même lorsqu'il se croit seul, quand il éternue, il demande pardon. Il travaillerait - à ce qu'il paraîtrait - à la S N C F - plutôt dans les archives. Ce n'est pas le genre d'homme, auquel on confierait les yeux fermés, une locomotive. Une fois par an - début février -  il remonte en grande pompe deux tartelettes de chez le pâtissier. Sinon, jamais personne ne l'a vu allumer la moindre cigarette, ni trébucher dans l'escalier en étant pompette.
Qui m'expliquera pourquoi ces deux-là sont venus s'installer à Paris ? Avec leur genre de vie, Mézidon en Gâtinais aurait largement suffit ! Tous les dimanches après-midi que le Bon Dieu fait  hiver comme en été, à petits pas comptés, ils accomplissent le tour du lac du bois de Vincennes, afin de refourguer aux canards, le pain rassis de la semaine. Autrement pas d'enfant ! pas de famille ! pas d'ami ! pas de chien ! ... rien ! Des gens sans histoire ! - toujours vêtus de noir - deux vieux orphelins ! C'est à se demander s'ils ne sont pas nés, déjà fripés, chapeautés et gantés. un parapluie dans une main et le crocodile dans l'autre. Une voisine (qui a tenu à rester anonyme) 

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6, rue Pierre-au-Lard 75004 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 29 décembre 2001

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