"Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Evêque envièrent à Madame Aubain sa servante Félicité. Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et restait fidèle à sa maîtresse qui n’était cependant pas une personne agréable." Ainsi commence la courte mais intense nouvelle de Gustave Flaubert dont l’auteur lui-même disait qu’elle devait faire pleurer les lecteurs.
A George Sand, il dédia ce personnage de femme dévouée et effacée, née chez ces petites gens dignes et discrètes, celles à qui on prête à peine des sentiments. Félicité aime pourtant, mais personne ne le lui demande. Un premier amour tourne mal et reste unique. Félicité se prend de tendre sollicitude pour Virginie, la fille de sa maîtresse qui mourra, puis pour son neveu qui mourra aussi dans des terres lointaines, pour un perroquet enfin, nommé Loulou. Félicité adopte l’oiseau vert aux ailes roses et à la tête bleue. Elle lui apprend à parler, il meurt à son tour, elle le fait empailler. Les années s’écoulent, toutes pareilles et sans autres épisodes que le retour des grandes fêtes, Pâques, l’Assomption, la Toussaint. Félicité vieillit, devient sourde.
"Une vapeur d’azur monta dans la chambre de Félicité. Elle avança les narines, en la humant avec une sensualité mystique ; puis ferma les paupières. Ses lèvres sourirent.
Les mouvements du cœur se ralentirent, un à un, plus vagues chaque fois, plus doux : comme une fontaine s’épuise, comme un écho disparaît ; et quand elle exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entr’ouverts, un perroquet gigantesque planant au-dessus de sa tête."
Un cœur simple, écrit vingt ans après l’autre (grande) histoire normande, Madame Bovary, est le second des Trois Contes de Flaubert qui constituent la dernière œuvre achevée de Gustave Flaubert, le plus grands des écrivains français, né en 1821 à Rouen, mort en 1880 à Croisset.
Par la compagnie L'Elan bleu.
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