« Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes », affirmait le poète allemand Heinrich Heine. Librement inspirée du roman éponyme de Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude, cette création collective de danse/théâtre retrace le trajet d’un homme dans un monde où les livres et la mémoire humaine n’ont plus voix au chapitre.
Tel le personnage d’Hanta dans le roman de Hrabal, Afshin Ghaffarian incarne l’ultime rituel d’un homme luttant pour conserver ce qui lui reste d’humanité. Tour à tour victime et bourreau, créateur et destructeur, gardien de la mémoire comme de l’oubli, l’homme se change peu à peu en créature pour interroger la complexité même de notre temps et de son accélération tout azimut. Entre fascination ultra-technologique et profonde nostalgie des origines, se révèle un monde dont on ne sait s’il est présent ou à venir, s’il est une mort ou bien une renaissance. En filigrane, c’est aussi la complexité de son propre rapport au pays d’origine que l’artiste franco-iranien entend livrer ici.
Ainsi cette Trop bruyante solitude est-elle celle d’un exil, auquel cette création collective voudrait donner une valeur métaphorique plus large, dépassant la simple mémoire personnelle pour interroger l’indifférence du monde face à ce qui pourrait bien être une tragédie obsessionnelle : l’exil de l’humanité en dehors d’elle-même. »
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