En langue tchèque.
La musique de Janácek électrise les désirs d’éternité, soif de pouvoir et angoisses de mort qui traversent le monde d’Emilia Marty. Ricarda Merbeth incarne cette énigmatique et maléfique cantatrice.
L’Affaire Makropoulos a été représenté pour la première fois à l’Opéra Bastille en avril 2007, dans la mise en scène de Krzysztof Warlikowski, les décors et les costumes de Malgorzata Szczesniak, avec, entre autres, Angela Denoke (Emilia Marty), Charles Workman (Albert Gregor), Vincent Le Texier (Jaroslav Prus), sous la direction de Tomas Hanus. C’est cette production qui est reprise aujourd’hui.
Musique de Leos Janácek (1854-1928)
Livret du compositeur d'après la comédie éponyme de Karel Capek
Direction musicale : Susanna Mälkki
Mise en scène : Krzysztof Warlikowski
Décors et costumes : Malgorzata Szczesniak
Vidéo : Denis Guéguin
Lumières : Felice Ross
Dramaturgie : Miron Hakenbeck
Chef de Choeur : Alessandro Di Stefano
Avec l'Orchestre et Choeur de l’Opéra national de Paris.
« Qui veut vivre pour l’éternité ? » Telle est la question que pose Emilia Marty au seuil de la mort, en agitant la formule d’un élixir qui lui a permis de vivre 337 ans… Pour son avant-dernier opéra, Janácek croise l’œuvre littéraire de Karel Capek – pionnier de la science-fiction – et met en scène cette histoire singulière de procès et d’immortalité, à mi-chemin du roman policier et du conte métaphysique.
Le théâtre écorché de Krzysztof Warlikowski transpose le philtre d’immortalité dans notre mythologie contemporaine. Sa mise en scène est hantée par le destin en noir et blanc de Marilyn : la femme éternelle, la femme adulée, la femme sacrifiée sur l’autel de la gloire et retrouvée morte – une overdose de barbiturique…
Dirigée par Susanna Mälkki, la musique de Janácek électrise les orages – désirs, soif de pouvoir et angoisses de mort – qui traversent cette petite société praguoise.
L’Affaire Makropoulos est le huitième et avant-dernier opéra de Janácek. Il est tiré d’une pièce de Karel Capek (1890-1938), un des rares auteurs tchèques à avoir pu acquérir une réputation internationale entre les deux guerres, et raconte l’histoire d’une femme, Emilia Marty, qui, après avoir bu un élixir de longévité, a vécu trois cents ans, sous des identités et dans des lieux différents. Lorsque la pièce commence, Emilia est revenue à Prague, où elle est née, pour y terminer sa longue vie. Mais elle entend parler par hasard d’un procès dans lequel elle a été jadis impliquée et dans les archives duquel elle pourrait retrouver le document sur lequel est consignée la recette de l’élixir. Elle fait tout, dès lors, pour le récupérer…
La pièce de Capek était apparue, lors de sa création, comme une réponse à la pièce de George Bernard Shaw, Retour à Mathusalem, qui postulait qu’une vie plus longue aurait pour résultat une sagesse et un bonheur accrus. Capek montrait au contraire à quel point Emilia Marty était une femme malheureuse et que c’est bien la conscience de la brièveté de la vie qui nous permet d’en jouir pleinement. C’est aussi cette dimension philosophique qui incita Janácek à adapter cette pièce étrange – un bon nombre des œuvres de Capek traitaient de science-fiction – à l’opéra. Mais alors que Capek l’envisageait sous l’angle de la comédie optimiste, le compositeur de Jenufa et de Kátia Kabanová lui donna la profondeur d’une tragédie personnelle. Et dans le personnage d’Emilia Marty, il vit aussi un condensé des rôles féminins qu’il avait précédemment écrits et dans lesquels se profilait toujours la figure de la jeune femme qui avait illuminé les douze dernières années de sa vie : Kamila Stösslova.
Sur le plan musical, Janácek, comme à son habitude, accorde un soin tout particulier à la prosodie et calque le rythme naturel des mots sur celui de la musique. Comme le dit Guy Erismann, « C’est cette pulsation, cette inquiétude générale, l’ardeur des sentiments divers – amour, argent, curiosité fébrile – qui traversent ce petit monde ordinaire et cette grande dame sans âge, que l’on retrouve dans la musique. » De fait, L’Affaire Makropoulos est, de tous les opéras du compositeur avant De la maison des morts, celui qui réunit le vocabulaire le plus dur et le plus dissonant. Mais la passion et la compassion y soufflent également avec lyrisme et ne s’apaisent que dans les derniers stades de l’opéra.
Place de la Bastille 75012 Paris
Réservation possible également au 01 40 13 84 65 pour les places non disponibles en ligne et/ou pour les choisir.
Accès en salle uniquement sur présentation du billet électronique que vous recevrez par email.