Velvette

Paris 20e
du 27 janvier au 3 février 2001

Velvette

CLASSIQUE Terminé

Un lieu sombre. Une femme aux longs cheveux échouée dans une pose improbable. Et osée. Et belle. Une femme mûre. Le lieu ne serait ni réaliste, ni surréaliste, ni ici-bas, ni au-delà.

Présentation
A propos du théâtre
A propos du théâtre de Jacques Serena

Présentation

Un lieu sombre. Une femme aux longs cheveux échouée dans une pose improbable. Et osée. Et belle. Une femme mûre. Le lieu ne serait ni réaliste, ni surréaliste, ni ici-bas, ni au-delà.

Evidemment elle aurait pu, pourrait même encore un peu, s’appeler Nico, ou Françoise Dorléac, ou Catherine Ribeiro, ce genre. Tirée là de l’oubli, mais pas trop.

L’époque n’est quand même pas si loin où, à cause d’elles, on avait cru le vieux monde derrière nous et s’était arrêté de courir. Et pendant qu’on les aimait, mal, bien sûr, mais quand même, le vieux monde reprenait l’initiative, bref.

Celle-là, échouée, en a fini avec son rôle, sa fonction. Est en train, si ça se trouve, d’en finir avec elle-même. De ne pas en finir d’en finir. Et nous donc. Dans la pénombre. Avec sa voix comme en souvenir, et les silences. Et d’une guitare, bien sûr, pas loin, Lou Reedienne, forcément.

Du genre vieille cassette pirate captée à travers une cloison, un, une, muses, héros déglingués, un soir où ils auraient été trop déchirés pour chanter et jouer mais l’auraient fait, à un moment on aurait pu savoir leurs vrais noms, à un autre moment confondre, cette vieille impro d’outre mur de muses et héros jetés.

Jacques Serena

A propos du théâtre

" ...Je dessine un modèle nu, une femme belle, dans une pose classique, j’ai dix-huit ans, c’est dans un cours aux beaux-arts. Je suis étonné du peu que je ressens, de ne pas m’y intéresser plus, du désespérant de ce corps devant moi. Tout en posant, la femme parle, on écoute à peine. Puis c’est la fin de la séance, la femme veut descendre de l’estrade, perd l’équilibre, tombe, une seconde il y a son corps, incongru, son visage hébété, soudain elle est vraiment nue, elle existe pour moi. et là le moindre mot qu’elle dit m’atteint gravement...

C’est retrouver la beauté grave de ces moments-là qui m’intéresse, un peu divine, un peu malsaine, cette rencontre inespérée entre le divin et l’obscène, cette longue seconde adéquate d’où jaillit on ne sait pas quoi, mais qui imparablement nous atteint. "

Jacques Serena

A propos du théâtre de Jacques Serena

Il écrit, Mallarmé, mais où je ne sais plus, il écrit, c’est comme une illumination, ceci : " A moins que n’existe, à l’esprit de quiconque a rêvé les humains jusqu’à soi, rien qu’un compte exact de purs motifs rythmiques de l’être, qui en sont les reconnaissables signes ", et l’idée n’est pas simple, non, ou alors trop forte, trop aveuglante, mais si, voulant dire pourquoi le théâtre de Jacques Serena me passionne, j’éprouve le besoin de citer Mallarmé, c’est bien pour creuser cette illumination-là. Et aussi pour éviter un malentendu qui guette le théâtre de Serena. Celui de sa réduction à l’univers de la marge. Les lieux, les situations, les personnages, sont certes ceux de l’exclusion, et Gouaches s’inscrit dans la continuité de Rimmel, première pièce de l’auteur : l’argent manque cruellement, on se nourrit aux coquillettes, on se fait des plans pizza au thon, l’appartement "visité" devient vite un squat, les rares bibelots disparaissent et, dès la troisième scène, le salon est vidé de ses meubles. Mais c’est alors que tout peut commencer. Car chez Serena, quant tout vient à manquer, et qu’il n’est plus rien à perdre, si ce n’est le gîte et le couvert, il reste une denrée inépuisable, dont ses personnages semblent pouvoir consommer à volonté, au risque eux, de s’épuiser : la langue. Elle aussi est socialisée, du moins le choix des mots, souvent limité, et qu’importe puisque - d’où Mallarmé - ce sont les " purs motifs rythmiques de l’être " qui sont ici recherchés. Une question de souffles. De débits. D’accents toniques. De syllabes décisives. Dans les petites tragédies de leur existence, il entendent leur musique et seule elle justifie le pourquoi de leur présence au monde. Alors il la jouent. Et si cette musique, elle parvient ensuite à résonner dans nos têtes, alors peut-être ils n’ont pas rêvé, peut-être ils sont vraiment là, vivant, respirant et soufflant parmi nous.

Joël Jouanneau

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Spectacle terminé depuis le samedi 3 février 2001

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