Concert unique à l'issue de la représentation de Notre vie dans l'Art. Avec Bruno Girard (chant, violon), Denis Cuniot (piano) et Remy Yulzari (contrebasse).
« Une approche subjective et poétique du yiddish, langue née vers l'an mille sur les bords du Rhin dans les communautés juives installées le long du bassin rhénan. Ces communautés venaient des Juifs de l'empire romain puis des Juifs chassés des pays d'Europe occidentale, Espagne, Portugal, France, Italie et Angleterre et Allemagne, accueillis par la Pologne. En 1264, le prince de Pologne Boleslaw le Pieux proclame la Charte de Kalisz qui accorde aux Juifs le droit de pratiquer le commerce, de circuler librement dans tout le royaume, de pratiquer leur religion et surtout d'être propriétaires terriens, chose impossible dans le reste de l'Europe.
Ainsi à la fin du XVIIIe siècle, le royaume de Pologne s'étend de la Lituanie à la Bessarabie (Moldavie actuelle) et on parle yiddish de la mer baltique à la mer noire. Peu à peu les nations conquises par les Polonais, la Russie, l'Ukraine, la Galicie annexée par l'Autriche, veulent reprendre leurs souverainetés et la situation des Juifs devient catastrophique, la Pologne est démantelée et les privilèges accordés abolis. On connaît la suite tragique, l'extermination d'un peuple et d'une langue. YAT est aussi un mot yiddish qui désigne un « gars », un « mec ».
Ce mot on le trouve dans une chanson, Avreml der Marvikher, Abraham le pickpocket. « Ikh bin a voyler yat », « Je suis un brave mec ». Cette chanson écrite par Mordekhaj Gebirtig (1877-1942), menuisier, auteur de nombreux poèmes qui est mort en 1942, fusillé par les nazis dans la rue à Cracovie.
Il y a quelques années, un vieux monsieur vient me voir après un concert au cours duquel je chantais cette chanson et il me demanda si je savais d'où venait ce mot « yat », je lui répondis que non, mais que je me posais la question depuis longtemps, je savais que ce mot ne venait ni de l'allemand, ni du russe, ni de l'hébreu. Il me dit que lorsqu'il était jeune soldat, enrôlé dans l'Armée rouge dans un bataillon juif, il existait aussi des bataillons chinois et les chinois, lorsqu'il voyaient passer quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas, le désignaient par « yat », un mec et ce mot est passé dans le yiddish. Cela vient du cantonnais et l'idéogramme désigne un homme qui marche sur une route, un homme libre ! Ce vieux monsieur, aujourd'hui disparu est Moshe Lewin, historien, spécialiste de la Russie soviétique, né à Vilnius en 1921, mort à Paris en 2010. »
Bruno Girard
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.