Yann-Fanch Kemener / Didier Squiban

du 17 au 18 mars 2000

Yann-Fanch Kemener / Didier Squiban

Le son magique de Squiban-Kemener. C'est le cœur musical qu'il faut avoir pour goûter l'offrande de certains moments de grâce. Le chanteur Yann-Fañch Kemener et le pianiste Didier Squiban ont ouvert un plein flacon de ce parfum, mélange subtil de terre et de galets, de sel, d'écume saupoudrée ou vent d'ici, avec lesquels les magiciens parviennent parfois à faire de la musique.
  • La Bretagne d'hier et de demain

Yann-Fañch Kemener est un initié : issu d'un monde rural, il a fréquenté l'école des anciens. Son apprentissage fut oral et a capella Depuis sa prime jeunesse, il chante la tradition et ainsi la perpétue. En quête de l'identité de son pays, la Bretagne, a travers le temps, la littérature, les légendes et la musique (gwerzioù, ballades, séries, berceuses), un homme franchit les trois étapes d'une vie, de la naissance à l'au-delà... Yann-fañch Kemener est le messager de la Bretagne d'hier et de demain.

Jacques Erwan

Disque : Kimiad, 1 CD l'Oz Production, Coop Breizh

  • La presse

Beaucoup de disques ne sont que morceaux juxtaposés. Celui-ci, troisième fruit-laser de la rencontre entre Yann-Fañch Kemener et le pianiste Didier Squiban, s'écoute comme une suite animée d'un profond mouvement intérieur. Introduction au piano solo pour placer le décor, mélancolie rapide d'une danse fisel en invite, déclamation d'un poème de Jean Lavoué, on est prêt. En amuse-gueule, un passe-pied-Pachpi (et ses "trabedideda" dadaïste), puis plongeon dans la gwerz (complainte) Kimiad ar Martolod (l'Adieu du matelot). Sac et ressac d'une âme, Kemener nous emmène dans ses mers intérieures, nous polit comme un galet de grève. au gré des grands chants mélancoliques et des airs à danser ; Squiban en est le capitaine Nemo. Kemener mêle les textes rares collectés lui-même à d'autres très connus, comme ce Silvestrig collecté vers 1880 par Bourgaut-Ducoudray et qu'adapta Coppée. "A St-Michel en grève. mon fils est parti soldat", une des plus belles chansons antimilitaristes du répertoire français, avec son oiseau "silvestre" qui vole annoncer au père le retour de l'engagé... On sait la vitalité de la production discographique bretonne (une cinquantaine de CDs par an) et l'ostracisme quelle rencontre auprès des grands diffuseurs : quand elle a pu accéder à l'audimat, c'est épaulée par une multinationale ; on peut craindre que ce CD localisé ne rencontre pas tout le public qu'il mérite.

Hélène Hazera, Libération, 28 novembre 1998

Le son magique de Squiban-Kemener. C'est le cœur musical qu'il faut avoir pour goûter l'offrande de certains moments de grâce. Vendredi soir, dans l'acoustique délicate de l'auditorium de musique de Brest, le chanteur Yann-Fañch Kemener et le pianiste Didier Squiban ont ouvert un plein flacon de ce parfum, mélange subtil de terre et de galets, de sel, d'écume saupoudrée ou vent d'ici, avec lesquels les magiciens parviennent parfois à faire de la musique.

Osmose
Il faut avoir entendu la voix nasale, haut-perchée, faire 'sonner la langue' et sautiller, au rythme d'une danse fisel, sur les marteaux au galop du piano. Avoir écouté les notes chargées d'âme se glisser dans la complainte mélancolique d'un 'départ de marin', comme un soupir parmi les larmes, une phrase de Billie Holiday entre deux caresses cuivrées de Lester Young, pour comprendre que ce duo pousse au plus haut point la complicité. On peut parler d'osmose, de fusion entre la musique et le chant. Il y avait dans ce concert, et dans le nouveau disque 'Kimiad' qu'ils présentaient à cette occasion, quelque chose de ce moment magique où, dans le reflux, l'eau, soudain minérale, s'évanouit dans le sable. Enregistré au même endroit, mais sans public, le troisième CD de Squiban/Kemener est prenant, inspiré. 'Cet enregistrement résume l'esprit de ce que nous avons vécu ces cinq dernières années. Mais j'espère que nous allons encore plus loin avec ces titres inédits, équilibrant danse et gwerz, largement empruntés au répertoire vannerais', explique Squiban.

"Trahir et transmettre"
Aux puristes que ce mariage de l'improvisation jazz et de la tradition froisserait, Yann Fañch Kemener répond par avance : 'la réussite de cette rencontre, c'est de proposer une autre façon de présenter, en utilisant de belles mélodies. Etymologiquement, dans tradition il y a trahir, mais aussi transmettre'.

Pour Didier Squiban, c'est aussi clair : Enez Eusa pourrait être un standard de jazz au même titre que My funny Valentine. Peu importe le flacon, l'ivresse est ici au rendez-vous, distillée par la fort belle production de Gilles Lozac'hmeur et de son équipe. "Si un chant te soulève, laisse faire le chant", dit un fort joli texte en français du disque. Avec Kimiad (départ, en breton), il n'y a pas d'autre choix que de se laisser emporter. Embarquement immédiat.

Jean-Luc Germain, Le télégramme, 23 novembre 1998


Quelque part dans ce disque, Yann-Fañch Kemener abandonne le granit et la houle de la langue bretonne pour dire en français les mots du poète Jean Lavoué : "Pour un printemps qui ressuscite / Je donnerai l'été et l'automne et l'hiver / et toutes les saisons dénudées de mon cœur". On ne sait alors si l'on marche dans une herbe battue des vents, dans un salon où ne brûle qu'une seule lampe, sur un rivage à l'air ému d'embruns. Ce troisième disque de Yann-Fañch Kemener avec le pianiste Didier Squiban poursuit l'exploration d'une terre neuve, qui n'est pas seulement bretonne : le piano respecte souvent l'ordre des bienséances du début de ce siècle et même du précédent, la théâtralité de la voix raconte l'orgueil des libertés les plus récentes. Minéral, distingué, limpide, dénudé, cet album impose sa majesté, sa lenteur, sa sereine hauteur.

Jacques Doucelin et Bertrand Dicale, Le Figaro, 27 novembre 1998

Un barde Voyageur

C'est à Calvi que le petit village de Ste Tréphine en Bretagne s'est déplacé samedi dernier. "J'y suis né il y a 40 ans, c'est un centre du monde" explique Yann-Fañch Kemener.  C'est avec piano, guitare, flûte et percussions que le chanteur fait passer ses messages. À son actif, plusieurs disques et de nombreux concerts.

"Partout, je m'emploie à expliquer quel a été mon parcours, à travers mon expérience de chanteur et les recherches que j'ai menées. C'est ma profession" a-t-il précisé, en préambule de la conférence débat.  Et le musicien possède plusieurs cordes à sa lyre : il est aussi poète, linguiste et conteur...

Il passe avec brio du chant à la parole, du breton au français. Samedi, il a dit combien la poésie était importante pour véhiculer des images. Il a abordé le thème du voyage, de l'autre. Il résume : "Je joue sur les rapports entre poésie de langue bretonne et française, sur les contrastes entre musique traditionnelle et populaire" Son but n'est pas de sauvegarder un patrimoine. " Il faut dépasser cette notion qui est limitative. Dans le mot tradition il y a trahison" conclut-il.

J-M Vincenti, Corse matin, 2 mars 1999

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

Informations pratiques

L'Azimut - Théâtre F. Gémier / P. Devedjian

13, rue Maurice Labrousse 92160 Antony

  • RER : Antony à 191 m
  • Bus : Théâtre - Mairie à 123 m, Gare d'Antony à 157 m, Antony RER à 206 m
  • Voiture : par la N20. Après la Croix de Berny suivre Antony centre puis le fléchage.
    15 min de la porte d’Orléans.
    Stationnement possible au parking Maurice Labrousse (gratuit à partir 18h30 et les dimanches), au parking du Marché (gratuit pendant 3h après validation du ticket de parking à la caisse du théâtre) et au parking de l’Hôtel de ville (gratuit pendant 1h15).

Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

L'Azimut - Théâtre F. Gémier / P. Devedjian
13, rue Maurice Labrousse 92160 Antony
Spectacle terminé depuis le samedi 18 mars 2000

Pourraient aussi vous intéresser

- 30%
Blanca Li - Casse-Noisette

Le Théâtre Libre

- 51%
La Voix d'Or

Théâtre Actuel La Bruyère

- 50%
Spectacle terminé depuis le samedi 18 mars 2000