L’action se passe dans un lycée que deux lycéennes nous font découvrir. Nous sommes plongés d’emblée dans un lieu sous haute-surveillance et le parcours que nous effectuons avec elles de la Cour A au Foyer, du Gymnase à la Cour B, de la Cantine au Centre de Documentation, etc, tient à la fois du voyage initiatique et du parcours du combattant, sous l’oeil des caméras.
Dans un dispositif scénique qui travaillera sur la captation d’images et de sons du réel, entre vidéosurveillance, mp3 et webcams, traités sur un mode non réaliste, nous effectuerons cette traversée en cherchant les points de convergences entre la langue très musicale et rythmée de Sonia Chiambretto et la thématique du corps en mutation qui de « faire l’amour, à faire la guerre » est très centrale dans le texte.
En passant par le tir à l’arc, la course ou la gymnastique, nous ferons le pont avec la guerre de Troie et ses Choreutes dans une zone qui dépasse le champ du lycée et confronte questions d’éducation et questions existentielles. Le grand écart au milieu du chahut.
ZEP est arrivé d’un seul coup, au coeur de l’été.
La proposition de l’auteur rencontrée à Marseille, trois ans auparavant tombe à pic. La création d’A.L.i.C.E nous a emmené à travers les XIXème et XXème siècles, en Grande-Bretagne, au pays de l’enfance et du rêve. ZEP me réveille en France, à l’adolescence et aujourd’hui, tout en créant de fortes ramifications avec la tragédie grecque.
Ce grand écart me convainc. Je ne suis jamais parti d’une pièce pour monter un spectacle. Le travail d’écriture pourtant n’a jamais été aussi grand que sur la création d’A.L.i.C.E et les mots n’ont jamais eu autant de place et d’importance. Sans doute sommes-nous prêts à relever ce qui m’appararait comme un défi.
Les affinités partagées avec Sonia Chiambretto renforcent le goût pour cette aventure inédite. L’idée de continuer avec l’équipe d’A.L.i.C.E comme un prolongement contemporain de notre voyage précédent est aussi excitante. Le travail entamé avec cette dernière création appelait une suite, alors qu’un esprit de compagnie s’est mis à souffler fortement.
L’engagement physique donné dans le texte et sa puissante musicalité m’invite à plonger et à construire le parcours où les lycéennes nous emmènent, à la fois sportif, guerrier et initiatique et où les corps et les voix sont parties prenantes.
Une géographie de la nature humaine, au moment de la mutation vers les petits et grands mystères de l’âge adulte, en traversant un nouveau miroir.
Benoît Bradel
15, route de Manom 57103 Thionville