Abedelkader Alloula, auteur, dramaturge, metteur en scène assassiné au printemps 1994, était considéré dans son pays et au-delà, dans tout le Maghreb, comme l’auteur d’une des oeuvres les plus fortes et les plus populaires du théâtre algérien. Les Dires, c’est l’entrée en scène de la parole tue, celle que l’on écoute quelquefois, mais dont il n’est pas sûr qu’on l’entende vraiment.

Alloula est né le 8 juillet 1939 à El Ghazaouet.

1956, il arrête ses études pour faire du théâtre au sein de la troupe ECHABAB d’Oran puis se forme notamment au Centre Universitaire d’Etudes Théâtrales de Nancy et à la Sorbonne. Il fait partie de La Compagnie des douze de Raymond Hermantier au côté de Sid Ahmed Agoumi, Rachid Bousbia, Nourredine El Hachemi.

Il intègre l’Ensemble Théâtral Oranais puis le Théâtre National Algérien (T.N.A.), et joue au cinéma.

Nommé Directeur du Théâtre Régional d’Oran (T.R.O.) en 1972 et Directeur du Théâtre National Algérien (T.N.A) en 1976, Alloula écrit et met en scène une œuvre théâtrale comptant plus d’une dizaine de pièces, dont El Ajouad en 1984; il adapte cinq nouvelles de l’auteur turc Aziz Nesin pour la télévision algérienne; et traduit Arlequin valet de deux maîtres de Carlo Goldoni, qu’il met en scène en 1993. C’est avec cette comédie italienne qu’Abdelkader Alloula signe sa dernière création.

Monter Arlequin était pour Alloula un réel parti pris dont la motivation profonde était de contrecarrer la violence par l’amour et offrir aux jeunes spectateurs une nouvelle fenêtre d’espoir, ouverte sur la vie et le monde. Elle est présentée au public oranais comme une main tendue, généreuse et solidaire, face aux attentats que vit le pays.

Une année après Arlequin, Alloula est assassiné. Le Lion d’Oran, tel que le surnommaient les oranais, tombe devant son domicile le 10 mars 1994. Un mois après son assassinat, le Théâtre Régional d’Oran ainsi que la Maison de la Culture de Tlemcen seront baptisés de son nom.