Présentation
Note du metteur en scène
Le personnage central, Si Ali, est un écrivain public, sollicité à tout moment par des appels de gens en difficultés. Si Ali est comme un malade délirant enfermé dans un asile de fous, harcelé par toutes ces voix qui se répètent depuis 40 ans, et se mêlent affectueusement à la sienne et à celle de sa femme. Lui-même survit en grignotant d’éternelles olives, protégé des intempéries par un mur qui fuit et qu’il craint en permanence de perdre, faute d’arriver à payer le loyer. Emergeant de cette cacophonie, une voix se fait entendre plus haut que les autres. Agissant comme une révélation elle l’invite à écrire un livre, le livre qui va changer le monde.
« Le Pain de Abdelkader Alloula s’inscrit dans le prolongement naturel de mon parcours au théâtre : Un enfant dans la guerre de Saïd Ferdi, La Question d’Henri Alleg, Noces à Tipasa d’Albert Camus, Cadavres encerclés de Kateb Yacine et plus récemment Lettres d’Algérie.
Les textes que j’ai mis en scène jusqu’à maintenant ont tous un rapport étroit avec l’Algérie. Je ressens un besoin de parler de la tragédie de l’Algérie qui ne me quitte pas. A la barbarie vécue pendant la guerre d’indépendance a succédé une courte période d’espoir, et puis une nouvelle terreur s’est installée qui culmine aujourd’hui avec les violences intégristes.
Ce que Le Pain met à découvert : la misère, la corruption, la langue de bois du pouvoir politique, le délabrement de l’école, c’est l’origine même de ces violences. Ecrite à la fin des années soixante, cette pièce résonne comme un avertissement. Elle montre en action la solidarité, la générosité, l’espoir de balayer la misère et de construire un avenir ouvert, elle montre aussi le mur inébranlable dressé par le pouvoir qui fait obstacle à tous ces élans.
Dans le contexte d’aujourd’hui Le Pain me paraît une pièce très importante, une manière d’essayer de comprendre et partager nos inquiétudes. Elle doit aussi jouer comme une sonnette d’alarme pour dire l’égoïsme des pays riches, l’absence de solidarité et l’approfondissement des inégalités sociales. »
Baki Boumaza, Hippône Théâtre.
1-5, place de la Libération 93150 Le Blanc-Mesnil