Résumé
Abedelkader Alloula, auteur, dramaturge, metteur en scène assassiné au printemps 1994, était considéré dans son pays et au-delà, dans tout le Maghreb, comme lauteur dune des oeuvres les plus fortes et les plus populaires du théâtre algérien. Les Dires, cest lentrée en scène de la parole tue, celle que lon écoute quelquefois, mais dont il nest pas sûr quon lentende vraiment.
Notes du traducteur
Dans litinéraire de Abdelkader Alloula, " Les Dires " représente, incontestablement, un tournant décisif. Parti depuis longtemps déjà à la recherche dun théâtre nouveau, capable de senraciner - et de puiser - au plus profond de la culture algérienne, Abdelkader Alloula avait récusé le vaudeville et la farce qui faisaient les choux gras de la production théâtrale et radiophonique et le théâtre de langue arabe classique figé dans ses codes surannés et une grandiloquence vaine.
Tordant le bâton dans le sens opposé, Abdelkader Alloula avait exploré les voies du théâtre épique, y compris dans son versant didactique. Son savoir théâtral encyclopédique - Piscator et Brecht, Diderot et Stanislavsky, Sean OCasey et Tewfik El Hakim, Goldoni et Aristote, Sophocle et Cervantes, Gogol et Shakespeare .... allait cependant finir par opérer la jonction recherchée avec la culture populaire, celle de son terroir, sa sève nourricière jamais démentie ; il en naîtrait " Les Dires ".
" Les Dires " consomme la rupture radicale avec la dramaturgie classique. Dans " Les Dires " en effet, il ny a pas de représentation, de figuration de laction; pas plus que de personnages " simulants ou simulateurs "; il ny a pas despace scénique à proprement parler, sauf celui que le spectateur-auditeur offrira au déploiement de la narration; le seul décor sera celui que son imaginaire montera pour sapproprier, au mieux, le dire, pour lhabiller à sa convenance.
On laura compris : " Les Dires " se donne à voir sur le mode -paradoxal- de lécoute. Tout, ici est fait pour loreille. Le conteur occupe, seul, lespace de la représentation. Le verbe, souverain, maître du spectacle et de limaginaire, règne sans partage.
Sur le plan formel, " Les Dires " se présente comme un ensemble de trois tableaux, indépendants. Leur unité, cependant, se noue au niveau de leur structure thématique : dans les trois tableaux, il sagit, en effet, dune prise de parole inouïe.
- Premier tableau : un employé, bravant lautorité de son chef, va lui instruire
son propre procès.
- Second tableau : un ouvrier, passant outre au code de la virilité et sachant sa mort
proche, raconte à son fils ce que fut sa vie.
- Troisième tableau : une petite fille, forçant les conventions et les tabous,
sintroduit dans lunivers des adultes et sapproprie leur parole.
" Les Dires " cest lentrée en scène de la parole tue, celle que lon écoute quelquefois, mais dont il nest pas sûr quon lentende vraiment ... car rien ne dit quelle ait jamais été proférée.
Messaoud Benyoucef (1995)
2, place Victor Hugo 94270 Le Kremlin-Bicêtre
Voiture : partir de la porte d'Italie, prendre la RN7 en direction de Villejuif. A la hauteur de la station de métro tourner à droite, avenue Eugène Thomas puis au 1er feu à gauche rue Jean Monnet.