Guitariste, il s’est d’abord mis au service des autres. La Grande Sophie, Françoise Hardy, Elisa Tovati, Junesex, Buzy, Damien Saez, Florent Marchet, Bill Pritchard, The Opposition, Natalia M. King … en studio, ou sur scène, l’endroit où s’échappe la folie, où il s’oublie.

À présent il poursuit son propre chemin à travers ses chansons. Les mots, le son, la musique, le verbe. Êtres ubiquistes et polymorphes, physiques. Ses mots, sa musique. Son univers. Tout en émotion, détente et tension. Rien de figé et beaucoup en suspension.

Vous êtes sans visage. Vous bousculez. Le faites exister. Lorsque vous êtes une femme, vous êtes toute-puissante. Fasciné par votre force, il se laisse aisément absorber par votre beauté. Vous êtes à la fois celle qu’il aime, toutes celles qu’il pourrait aimer, et cette mère, échappée.

Lorsque vous êtes un homme, vous êtes lui, rien que lui, plongé dans ses doutes, surmontant les obstacles. Relativisant. De Siddharta et des mots d’Hermann Hesse, il se souvient que la sagesse ne se transmet pas. A chacun de la découvrir. Mais il y a en lui cette part de folie, l’inquiétante étrangeté de David Lynch, un second degré dans les relations comme un sens caché de la vie. Un érotisme planant et réconfortant.

Du rock, parfois tendu et nerveux, assez homogène pour qu’il le caractérise, fruit de toutes ces années, qui le rend indissociable de son micro, de sa guitare.

Mais tout ne se résume pas à la lutte ; le son s’en accommode pour flirter vers un esthétisme plus prononcé. A travers ces mots, les murs resserrent parfois l’horizon mais il ne cesse de vouloir en échapper, sans vraiment penser à ce qu’il y a derrière. L’important est de franchir. Et comme si les obstacles n’étaient pas assez nombreux, le destin le rappelle de sa main capricieuse. L’accident de voiture qui a failli récemment lui coûter la vie semble l’avoir aiguisé, transporté un instant vers le Crash de Ballard et Cronenberg. Il y a de la place partout, dans chaque monde, pour chacun, y compris dans celui de la douleur. Mais en tant qu’Exilé volontaire il détient cette lueur pour ne pas en être esclave et être un peu partout. Car finalement, seul compte d’être là et de pouvoir le dire.