Daniil Harms, Iouvatchov de son vrai nom, naît à Saint-Petersbourg en 1905 et il n’a que 36 ans lorsqu’il meurt en détention psychiatrique en 1942, fauché par la plus spectaculaire tentative de normalisation de l’histoire.
Il y a deux grandes périodes artistiques chez Harms : dans les années 20, il fait parti du milieu artistique de "gauche", c’est à dire d’avant-garde selon le sens du mot russe à l’époque. Harms est alors attiré essentiellement par la poèsie.
Puis, à partir des années 30, il délaisse la poésie pour la prose, et ses écrits tendent vers l’absurde et l’existentialisme. L’auteur passe d’une période d’exaltation exacerbée, socialement dense, à l’écroulement brutal de ses rêves et à un repli sur soi.
En 1927, Harms participe à la création de l’Oberiou (Association pour un art réel) qui représente la dernière tentative de réunion des forces de "gauche" avant la mise au pas définitive de 1932. Ce mouvement se fonde sur "la lutte contre les sens" étant entendu que le "non-sens" ou "l’insensé" était considéré comme un acte de libération et un moyen d'accéder à une catégorie supérieure du sens.
Dans un système où le sens se décide en haut lieu, ce mouvement est tout naturellement voué à la répression et au silence.
Ainsi Harms écrivit de son vivant "pour le tiroir" : seule fut éditée sa littérature pour enfants, dans laquelle il s’était réfugié avec les autres "oberiouty" pour s’assurer quelque revenu.
La poésie de Harms se fonde sur le refus de la raison et de la logique qui lui est associée. A travers ses poèmes, il met en place un système favorisant la combinatoire sonore.
Mais en voulant aborder la réalité de manière entièrement nouvelle, en partant d’un point zéro d’avant le découpage par la raison, Harms découvrit une "réalité première" qui le dépassa : la quête de l’infini fut reléguée au second plan au fur et à mesure que le poète se laissa submerger par l’évidence d’un monde absurde et effrayant l’entourant.
Ainsi dans sa prose des années 30, l’absurde est partout et son regard, qui se voulait assez large pour embrasser l’univers dans sa totalité, se fait de plus en plus étroit, au point d’isoler chaque détail de la réalité et de rendre celle-ci aussi absurde que terrifiante.
L’homme coupé du monde est désespérément seul. Le quotidien envahit les écrits de l’auteur, un quotidien horrible qui tire à jamais l’être vers le bas. S’opère alors un glissement vers une certaine forme d’existentialisme.
Le héros harmsien est jeté dans un monde où règne un tel arbitraire, que tout peut arriver ; un monde qu’il ne comprend pas parce qu’il est trop grand pour lui. Le seul espoir, c’est qu’il se produise un miracle, car seul le miracle peut détruire "la structure physique du monde".
Le texte également arrive à peine à exister. Il est également menacé de disparition. Le problème n’est pas qu’il n’y a rien à raconter mais que pour toute sorte de raison, ce qu’il y a à raconter est inracontable.
A l’absurdité d’une réalité première correspond une écriture absurde. Ceci est l’expression de la tragédie humaine et la principale source de "comique" de la prose de Harms.
Battu, repoussé, trompé, obsédé par un rêve affreux, insomniaque, empêtré dans les objets et impuissant face à une réalité qui ne cherche qu’à le détruire, le héros harmsien a des "cousins" dans la littérature : les personnages de Gogol, tous les "humiliés et offensés" de Dostoïevski, L’étranger de Camus, Plume ce "personnage-tampon" d’Henri Michaux, mais encore certains héros sortis de chez Kafka, Ionesco ou Beckett...
Daniil Harms, cet "ennemi de classe" à l’activité "contre-révolutionnaire", a été réhabilité en 1956 et son retour officiel dans la littérature russe date de 1962 avec la parution d’un recueil de poèmes (seuls les plus drôles et les plus inoffensifs sortent du tiroir).
Il faut attendre 1988 pour qu’une publication digne de ce nom soit enfin publiée en Russie. Enfin il était reconnu qu’un forme d’existentialisme ait pu apparaître en URSS.
Harms est dès lors considéré en Russie comme un des grands auteurs de notre siècle.
Notes recueillies dans " la prose d’un poète " de Jean-Philippe Jaccard
Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris
Une soprano frelatée loue les vertus de l’asphalte, insulte sa mère et réalise la recette des tomates bouillies. À sa rencontre, une percussionniste polissonne entrechoque mille et un objets du quotidien…
Guichet Montparnasse, Paris
Une farce moderne, inquiétante et clownesque. D’après les œuvres d'Anton Tchekhov (L’Ours et Une Demande en mariage) et Daniil Harms (Incidents).
Théâtre de Poche-Montparnasse, Paris
Enfants de l’Est, les trois musiciens du Degré 41 vous entraînent sur les routes de la Mitteleuropa, des Balkans et du Caucase. En route vers l’année nouvelle !
Théâtre de Poche-Montparnasse, Paris
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Guichet Montparnasse, Paris
Une farce moderne, inquiétante et clownesque. D’après les œuvres d'Anton Tchekhov (L’Ours et Une Demande en mariage) et Daniil Harms (Incidents).
Cartoucherie - Théâtre de l'Epée de Bois, Paris
TGP - CDN de Saint-Denis, Saint-Denis
Théâtre Falguière, Paris
Théâtre de la Commune, Aubervilliers
L'Auguste théâtre, Paris
Théâtre de l'Opprimé, Paris