Issam Bou Khaled, comédien et metteur en scène libanais, est le fondateur de la Compagnie Shams, organisme culturel aux activités multiples (théâtre, arts de la scène, audio-visuel, festivals, ateliers, débats, …) dont les objectifs concernent principalement la jeunesse libanaise.
"C’est difficile de dire d’où vient exactement mon goût pour le théâtre… Il est sûr qu’appartenir à une famille déplacée plusieurs fois, soit pour des raisons politiques soit pour des raisons religieuses, m’a permis de vivre une vie où l’absurdité peut dépasser tout ce qu’il est possible d’imaginer dans le théâtre, où tout ce qui est surréel devient ton réel normalisé avec le temps.
C’est pendant ma première année à l’université, en 1985, que j’ai vraiment senti cet élan pour le théâtre, avec beaucoup de rêves et d’espoirs pour le futur et l’envie de devenir un « vrai » comédien. Mais autour de tout ça, il y avait les bombardements et les combats quotidiens. Il y avait la guerre qui était là et qui devenait une habitude avec le temps…
En mars 1989, une nouvelle crise de haute tension et de destruction m’a obligé à interrompre mes études et à entrer dans une nouvelle période de folie totale. En septembre 1989, j’ai été contraint de quitter le pays. Je suis revenu en 1991 pour reprendre mes études et, depuis, je n’ai pas arrêté de travailler professionnellement comme comédien, metteur en scène ou enseignant de théâtre. J’ai joué dans des pièces de théâtre, de marionnettes, de mime.
En 1994, j’ai obtenu mon diplôme d’études supérieures, le « patron » était Roger Assaf, et depuis j’ai participé à toutes ses créations artistiques, soit comme comédien soit comme assistant. En 1997, j’ai créé mon premier spectacle, Trio, au Théâtre de Beyrouth, puis nous avons participé au festival de Carthage et Bernadette Houdeib a reçu le prix de la meilleure interprétation féminine. En 1999, avec Roger Assaf, Bernadette Houdeib et d’autres, nous avons fondé l’association Shams qui regroupe des membres de différentes disciplines artistiques et culturelles.
J’ai essayé de récupérer le temps perdu à cause de la guerre. J’ai voulu tout absorber, tout avaler, voir tous les spectacles créés à Beyrouth ou venant de l’étranger. J’ai travaillé dans le maximum de projets, à l’intérieur de l’Université et en dehors… Dans un pays dont une grande partie est occupée par l’armée israélienne qui se livre à des combats et des massacres (1993, 1996, 2006) tandis que l’autre partie du pays est sous le pouvoir syrien, et dont le peuple vit dans la crainte du déclenchement d’une nouvelle guerre civile, on veut faire le maximum et au plus vite !"
Extraits d’un entretien avec Bernard Magnier - janvier 2008
Cet(te) artiste n'est pas lié(e) en ce moment à un spectacle.
Le Tarmac, Paris
TARMAC de la Villette, Paris
TARMAC de la Villette, Paris