Apprends le français pour gagner ta vie et l’arabe pour sauver ton âme"… De ce conseil paternel, Agoumi a fait bon usage. Il se nourrit de tirades classiques au lycée d’Alger, et de films français dans les cinémas avant de choisir de devenir comédien à quinze ans. Le conservatoire d’Alger l’accueille pour une formation à la française qui le mène sur les plateaux de télévision d’Alger (il utilise un pseudonyme pour ne pas offusquer sa famille). Après un séjour dans la métropole, il retourne à Alger après l’indépendance pour participer à l’aventure du Théâtre National, copie algérienne du Théâtre National Populaire de Jean Vilar.

Son parcours est alors commun avec celui d’Abdelkader Alloula, le comédien-auteur, dont il se distancera suite à un désaccord sur la ligne artistique à mettre en œuvre dans un pays biculturel.

Conscient des contradictions nées de cette double culture coloniale et nationale, il dirige successivement des institutions culturelles à Constantine et Annaba puis à Tizi Ouzou avant de devenir Directeur du Théâtre National Algérien en 1993, au moment où le mouvement islamiste est en plein essor. Il retrouve Abdelkader Alloula pour monter Tartuffe … mais l’assassinat de ce dernier et de beaucoup d’intellectuels proches de lui, l’oblige à quitter l’Algérie le 31 mars 1994 pour retrouver non pas un pays d’exil, mais le pays de son autre culture "la française", qui vit en lui en osmose avec sa culture algérienne.

Agoumi joue Kateb Yacine et Bernard-Marie Koltès, Ahmed Essyad et Shakespeare, Molière et Mohamed Dib, Rachid Boudjedra et Gogol. Cette diversité de rôles est le résultat de la liberté qu’il a conquise en s’imposant comme un comédien à part entière et en refusant d’être éthiquement catégorié.

Récemment, Agoumi a joué dans La Chute de Bijana Srbljanovic mise en scène Jean-Claude Berutti, Mémoires à la dérive et Prophètes sans dieu de et mise en scène Slimane Benaïssa, L’Homme poubelle de Matéi Visniec mise en scène Gabriel Garran, Le Roi Lear de Shakespeare mise en scène Rodrigo Garcia.