Notes de l'auteur
Notes du compositeur
Notes de Bruno Lehoux
Spectacle de Claire Mosser. Musique de Stéphane Lahaye. Théâtre dansé sculpté sonore, sans parole. Les sculptures sont vivantes, la musique remplace les mots la logique est celle du rêve. L'expression avant le verbe : le burlesque côtoie le sacré.
Personnages sculptés, formes, couleurs, gestes, espaces et humour sont le vocabulaire théâtral que j'utilise dans mes créations. La particularité de celle-ci est la présence du compositeur Stéphane Lahaye qui sera acteur et musicien dans " AILES DE PAPIER " . Cela a enrichi considérablement la conception de ce spectacle et valorise le langage poétique sans texte, le son devient mot.
Nous avons recherché un équilibre entre l’œuvre plastique, l'oeuvre musicale et l'être vivant. Cet équilibre se manifeste à différents niveaux dans des images universelles. Elles ne racontent pas qui est l'homme, mais invitent à aller à sa recherche. Constamment ce chavirement a lieu : de l'émotion au sentiment, de l'objet à l'être, de l'image à la rencontre. C'est un équilibre dans la transformation : tout se transforme comme une rivière qui coule emportant le regard et l'écoute du spectateur vers un univers insoupçonnable où chaque détail surprend et titille l'humour et l'imaginaire. La logique est celle du rêve.
Dans ces images où le geste et le son sont intimement liés à la matière et, où l'acteur se doit de participer à l'intelligence des matériaux : une femme se montre, se dit ; un homme est déconcerté, impressionné. La femme, la lune seront les révélatrices et les initiatrices. Cet homme persévérant dans sa quête d'amour va plonger à l'intérieur de lui-même dans un univers que nul ne peut traverser sans bouleversement et sans combat. Il va découvrir cet univers au prix de sa métamorphose.
Claire Mosser
Claire Mosser me donne à voir son univers de créatures bizarres, oniriques, drôles, belles, vivantes, sonores, faites de matériaux variés. Ces images m'évoquent un son (instrumental ou non), un rythme, un tempo, parfois une musique. Je m'attache à cette transmission directe de l'image visuelle, poétique, à l'image sonore. C'est ici le nœud, le point de départ de mon discours musical qui se veut un contrepoint émotionnel aux créatures imaginées, conçues et animées par Claire Mosser.
Le son raconte l'histoire qui est en train de se dérouler devant les yeux du spectateur, il dit la vérité et il ment comme le feraient des dialogues parlés. Tout le travail de sa fabrication sera fidèle à cette démarche qui m'interdit l'habillage sonore pour préférer la " parole sans mot " des personnages.
Cette démarche entraîne mon travail dans une recherche de textures et de timbres qui ne se limite pas aux instruments de musique existants, mais s'intéresse aussi à des objets usuels instrumentalisés, aux sons de la nature et aux costumes eux-mêmes. En outre j'ai conçu et réalisé un instrument original, le Batio, qui s'apparente au Cymbalum, au Santoor Indien, au Vali de Madagascar et au Koto japonais par la variété de ses timbres et par ses possibilités de jeu. Sa forme et ses dimensions lui confèrent une présence scénique évidente. La musique remplace les mots. C'est la musique intime des personnages sculptés.
Stéphane Lahaye
Et si nous reprenions le chemin des théâtres... d'abord et avant tout pour y vivre une expérience ?
Celle concoctée ici pour nous a pour dessein d'altérer la conscience du spectateur... En déformant le temps, l'espace et les formes, comme le fait la conscience en état de rêve, ils tentent de s'adresser à nous en deçà des mots. Là où luit encore notre enfance. Là, en tout cas, où notre point d'assemblage personnel, la plupart du temps si contraint et si limité, peut encore faire éclater notre attention en émerveillement ?
Ici règne une causalité autre. Le mouvement est Loi. Il ment toujours. Le ciel n'est pas protecteur. Le danger n'est jamais aussi dangereux qu'on croit. La lune est ardente et le soleil est Femme. Toute la matière vit !
Et si, comme disait Tolstoï, l'art était le plus court chemin d'un cœur à un autre ? " AILES DE PAPIER " relèverait de cette légitimité-là.
Voici donc des nouvelles d'ailleurs, imprimées sur ailes de papier. Des nouvelles étrangement familières, plutôt douces et drôles, comme celles qu'on voudrait bien s'adresser quand l'humour de vivre menace de nous quitter. Au fond, cela repose... cela pourrait s'appeler " Far from here " ... ou " Distant frontiers " . C'est à prendre comme un voyage en somme. ... Bon voyage.
157, rue Pelleport 75020 Paris