Dans R-A-U-X-A, Aina Alegre, seule en scène, convoque la mémoire physique et sonore d’un geste ancien, le martèlement, dont elle explore tous les possibles. Pour Loïe Fuller : Research, Ola Maciejewska réalise son premier solo en revisitant les motifs de la danse serpentine inventée à la fin du 19e siècle par Loïe Fuller.
Cette pièce, composée comme un trio entre la danse, le son et la lumière, porte une recherche archéologique et sonore du mouvement. La chorégraphe poursuit son obsession pour les corps qui martèlent, qui entrent en résonance, en vibration, en dialogue avec les pulsations de la musique électro-acoustique et modulaire jouée en direct.
Seule en scène, Aina Alegre convoque la mémoire physique et sonore d’un geste ancien, le martèlement, dont elle explore tous les possibles. La chorégraphe espagnole a conçu R-A-U-X-A comme un dialogue entre danse, son et lumière, où le corps entre en vibration et devient pulsation. Elle en révèle la présence dans sa propre mémoire corporelle mais ouvre sa recherche à d’autres mémoires et pratiques : le martèlement, c’est à la fois certaines danses traditionnelles, les claquettes, le flamenco ou la house mais aussi un geste de labeur ou de rituel. Il évoque des formes primitives de musique et de communication mais contient aussi une technicité particulière. Aina Alegre en conçoit une danse profondément hybride et nuancée, où le corps produit du son et du rythme, qui entrent en résonance avec la partition électronique de Josep Tutusaus. R-A-U-X-A dessine ainsi une série de paysages et de situations sonores, où dialoguent le mouvement, le son produit par le corps et le son des machines.
Avec cette pièce, Aina Alegre poursuit un travail entamé voilà plus de quinze ans, qui s’intéresse aux imaginaires autour du corps ainsi qu’aux notions de mémoire et d’anthropologie du geste. Son écriture chorégraphique est étroitement liée au rythme et à la musique. L’observation du martellement est ainsi souvent revenue au fil de pièces très différentes, comme Le Jour de la Bête en 2017, où les interprètes portaient des chaussures métallisées pour frapper un sol couvert de terre et créer une polyrythmie.
Durée : 55 min
Vincent Théval
Loïe Fuller, figure de la danse moderne américaine, est connue pour sa « danse serpentine » au cours de laquelle elle faisait virevolter sa robe. Depuis 2011, la chorégraphe et performeuse polonaise Ola Maciejewska mène un travail de recherche et de transmission de l’œuvre de Fuller, dont découle cette performance en solo.
Pièce en constante évolution depuis sa création en 2011, Loïe Fuller : Research est le premier solo d’Ola Maciejewska. La chorégraphe, performeuse et plasticienne y revisite les motifs de la danse serpentine inventée à la fin du 19e siècle par Loïe Fuller, grande figure du modernisme. Frôlant l’abstraction, la performance déploie des formes changeantes révélées au fil de deux exercices différents, qui évoquent la relation entre la sculpture et le sculpteur. La célèbre robe imaginée par Loïe Fuller tient de la « construction dansée », un assemblage de bâtons, de tissu et d’un corps. Le mouvement naît donc de la relation entre le corps humain et cet objet. Ola Maciejewska crée des formes pour rendre cette relation visible, dans un double geste de relecture personnelle et de transmission de la danse serpentine.
Cette performance s’inscrit dans un travail au long cours que mène la chorégraphe polonaise sur les convergences entre la danse et les arts visuels, où s’inscrivent d’autres œuvres axées sur les danses serpentines, comme le trio Bombyx Mori (2015) ainsi qu’une nouvelle création prévue pour l’automne 2025. Dans un mouvement à la fois joyeux et réflexif, Ola Maciejewska produit ainsi une lecture critique de l’histoire de la danse.
Durée : 50 min
Vincent Théval
1, Place du Trocadéro 75016 Paris