Amphitryon est certainement l’une des pièces qui exploite le plus explicitement les affinités entre le théâtral et le merveilleux, en même temps qu’elle met en garde contre le danger qui consisterait à prendre des vessies, fussent-elles divines, pour des lanternes... Les dieux s’y jouent des Hommes, mais Molière se moque d’eux.
Guy Pierre Couleau renchérit habilement, se gaussant d’eux comme Molière le faisait de Louis XIV, l’air de rien ! Pour séduire la mortelle Alcmène, Jupiter prend les traits de son époux, Amphitryon. Le fidèle Mercure, lui, contrefait Sosie, le valet de la maison. Le subterfuge est divin, jusqu’au moment où le vrai Sosie tombe nez à nez avec cet « autre moi ». Les copies trompent les originaux et les originaux dupés s’affrontent entre eux. L’ère du soupçon fait son entrée dans l’humanité.
Dans un décor magnifique, véritable poésie du ciel, les comédiens manient avec brio la commedia dell’arte pour revisiter la place de l’Homme dans l’univers. Une comédie enlevée qui pousse à l’extrême la logique du double mais dont la fantaisie pointe l’arbitraire du pouvoir des dieux charlatans, semeurs de troubles.
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