« Il suffit d’avoir une fois lu ou entendu des vers de Racine pour être à jamais marqué par le mystère de leur transparence, si parfaitement accordé à cet idéal de représentation, à cette forme pure qu’est la tragédie classique dont le modèle nous semble valoir pour l’éternité. »
C’est ainsi que j’introduisais mon propos lorsque, au Conservatoire, j’abordais cette forme de théâtre avec mes élèves... Quant à passer à l’acte de mettre en scène une de ces tragédies, l’idée si haute que je m’en faisais, à l’évidence, me l’interdisait.
Tout récemment, dans le cadre d’un atelier où, une fois encore, je m’employais à faire partager aux acteurs mes goûts et mes conceptions, le feu s’est emparé de quelques-uns qui ont souhaité mener plus loin ce que nous avions engagé. C’est ainsi que, presque à mon insu, et pour la première fois, je réalise le rêve qui me semblait impossible : la mise en scène d’une tragédie de Racine.
Quel est notre parti ? Il faut bien sûr dire les vers, et en révéler la musicalité. Il s’agit pourtant d’un dialogue dramatique. C’est précisément cette contradiction apparente entre la poésie et l’effet de parole, c’est ce paradoxe qu’il faut soutenir.
Fasciné par la forme, on aurait tendance à faire peu de cas de la narration. Racine y a cependant prêté la plus grande attention. Andromaque, tout spécialement, est une pièce dont l’action pleine de rebondissements ne cesse de nous surprendre et de nous passionner.
« Il est rare que je parle de l'« expression » d'un acteur, non, je m'intéresse plutôt à vos sensations, vos pensées, vos émotions, étant entendu qu'il ne s'agit pas de les exhiber mais de faire en sorte qu'elles affleurent, en dépit du personnage et presque malgré vous… Tenez, c'est dans la scène : Et vous le haïssez ? Avouez-le, Madame, / L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme : / Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux… On ne saurait mieux dire. Ce vers vient confirmer le point de vue selon lequel il ne s'agit pas d'exprimer mais bien de se trahir… Racine… Nous sommes devant une difficulté majeure, à la mesure de l'oeuvre, et nous ne pouvons manquer d'éprouver de l'appréhension.
L'idée de variation ludique, si chère à Antoine Vitez, me laisse perplexe même si dans une pratique telle que la nôtre, il est naturel de se montrer disponible à toutes les propositions, idées et expériences possibles. On ne peut pas travailler dans le respect. Pour avoir une chance d'atteindre l'essentiel, il faut du jeu. Dans ma quête d'une relation authentique avec l’oeuvre, je présuppose l'existence d'une théâtralité adéquate et exemplaire. Peu importe que ce soit là une pure fiction, elle me soutient. Même si la pièce a été jouée des milliers de fois, pour les acteurs et pour moi-même, ce doit être comme la première fois. Dans le meilleur des cas, dramaturgie et mise en scène attestent cette virginité. La représentation est perçue non pas comme une version parmi d'autres possibles mais comme inédite, évidente et nécessaire... Une pertinence hors référence...
Alors, comment y atteindre avec Racine ?
Vous vous méfiez : il y aurait antinomie entre jouer et dire ; les acteurs, aujourd'hui, ne sont plus des diseurs, ils ne récitent ni ne déclament, ils jouent et parlent tout simplement.
Croyez bien que vous et moi ne sommes pas en désaccord sur ce sujet. La valeur poétique du texte, en l'occurrence du
vers, n'y change rien: il sera, en situation, énoncé par un personnage qui dit «je » et auquel tout devra être rapporté. Je vous assure que si vous vous tenez rigoureusement à ce principe, vous échapperez à
l'artifice.
Il n'empêche que la tragédie classique est fondée sur une règle, précisément sur un principe : « l'art de plaire selon les règles ». Racine nous ramène, une fois de plus, à cette question fondamentale de la liberté et des contraintes. Dans les pratiques artistiques, imposer une règle suscite deux types de réaction : l'obéissance et l'académisme, ou une revendication de liberté et toutes formes d'insurrection. Racine lui-même, tout en obéissant à la règle, trouve moyen de faire valoir la spécificité de son inspiration. Dès lors, quant au traitement et à l'interprétation de son théâtre, faut-il absolument choisir entre ces deux termes : contrainte ou liberté ? Évidemment non ! Pour dire les vers, il faut les aimer…
Ce n'est pas abstrait, c'est un rapport sensible, voire sensuel au verbe, un plaisir de langue et d'oreille… d'intelligence aussi : comment le sens se diffuse, s'exhale, s'embrume dans la phrase soumise à la règle de l'alexandrin. De la même manière, cet aspect de discours construit, il serait vain de prétendre l'évacuer, je crois qu'il faut s'y attacher et bien saisir que dans ce théâtre où la parole est action, la rhétorique nous met sur la voie de découvrir la stratégie intime des êtres.
Attention, le théâtre de Racine n'est pas qu'un théâtre de texte, le réduire au seul poème ou au seul discours est une erreur. Intéressons-nous aussi à la fable, à l'action, au contenu… »
Philippe Adrien, Instant par instant, éditions Actes Sud-papiers, 1998
Un seul conseil, si vous allez voir la mise en scène de Philippe Adrien, accrochez-vous: ce n'est plus du Racine. Tous les vers sont conservés, les mots sont les mêmes, mais le reste!!! C'est bien simple: c'est une comédie! Alors évidemment ça passe ou ça passe pas. Les pauvres personnages perdent leur grandeur, et sont rabaissés au rang de bouffons, le comble étant tout de même quand Hermione, prête à partir avec Oreste, dévoile sa poitrine au public... Et la bienséance, que diable!?!?! A la trappe. De plus les vers sont soit, tirés comme des coups de fusil sur un ton militaire, soit ralentis à l'extrême, soit marqués par un rythme étrange qui provoque des contresens, associant des mots séparés, dissociant des groupes de mots. Catastrophique! Pour sûr la mise en scène est originale le décor ermet une bonne mise en relief des sentiments des personnages, mais on ne saurait lui trouver d'autres qualités. A éviter!
J'ai trouvé cette pièce superbement jouée: les comédiens étaient vrais, bons, les alexandrins étaient très bien dit.... Les jeux de lumières étaient très bien pensés, et le rendu était super; les costumes, un peu gênants au début, étaient finalement bien venus sous cette forme. Les sentiments que nous offraient les personnages étaient saisissants; il y a de l'humour, de la haine, de la passion et de jalousie allant jusqu'à la folie..... Enfin, tous les éléments pour passer un bon moment au théâtre! Très très bonne mise en scène de Philippe Adrien! Bravo à tous!
Un seul conseil, si vous allez voir la mise en scène de Philippe Adrien, accrochez-vous: ce n'est plus du Racine. Tous les vers sont conservés, les mots sont les mêmes, mais le reste!!! C'est bien simple: c'est une comédie! Alors évidemment ça passe ou ça passe pas. Les pauvres personnages perdent leur grandeur, et sont rabaissés au rang de bouffons, le comble étant tout de même quand Hermione, prête à partir avec Oreste, dévoile sa poitrine au public... Et la bienséance, que diable!?!?! A la trappe. De plus les vers sont soit, tirés comme des coups de fusil sur un ton militaire, soit ralentis à l'extrême, soit marqués par un rythme étrange qui provoque des contresens, associant des mots séparés, dissociant des groupes de mots. Catastrophique! Pour sûr la mise en scène est originale le décor ermet une bonne mise en relief des sentiments des personnages, mais on ne saurait lui trouver d'autres qualités. A éviter!
J'ai trouvé cette pièce superbement jouée: les comédiens étaient vrais, bons, les alexandrins étaient très bien dit.... Les jeux de lumières étaient très bien pensés, et le rendu était super; les costumes, un peu gênants au début, étaient finalement bien venus sous cette forme. Les sentiments que nous offraient les personnages étaient saisissants; il y a de l'humour, de la haine, de la passion et de jalousie allant jusqu'à la folie..... Enfin, tous les éléments pour passer un bon moment au théâtre! Très très bonne mise en scène de Philippe Adrien! Bravo à tous!
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Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.