Anticorps parle de nos vies, de notre aptitude à laisser filer les vies qu’on voudrait avoir et à s’accommoder de celles qui nous fracassent. De notre capacité à faire des compromis, à tenter de les accepter puis à fermer les yeux en espérant que ça passe - cet arrière-goût de rouille quand on y repense. Dans Anticorps tous sont en fuite ; des fuites actives des fuites passives, des corps qui lâchent, des noms qui changent, des gens qui errent. Des fuites qui disent la difficulté à faire face, la facilité à échapper à ses responsabilités mais aussi l’envie de faire autrement.
Dina a fui pour mettre à distance des relations complexes, sans doute aussi pour sauver sa peau. Elle a reconstruit ailleurs, autrement, malgré tout, d’habiter le présent. Et puis cet arrière-goût, de rouille, de sang, d’excrément la ramène chez son oncle et chez sa tante où elle n’a pas mis les pieds depuis plus de 10 ans. Elle vient trouver des réponses, remettre les compteurs à zéro. Mais son oncle aussi a pris la fuite, effacé par la maladie. Homme sans voix, sans corps, sans mouvement, sans pensée, désormais sans passé. Elle est seule avec son histoire, avec ses maux, héritière malgré elle des actes et des choix de vie d’autre.
Dina reprend la route sans savoir où elle va. Une nouvelle fuite, une nuit d’errance va la conduire à croiser le chemin d’autres figures ; comme elle, elles ont choisi de se retirer du monde. Des humanités sur le fil traversent sa nuit, en quête d’identité ils interrogent les difficultés à agir et le besoin de faire parler la chair pour réactiver le désir, subversif et asocial, sans doute capable d’ouvrir de nouvelles possibilités de résistance.
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