Antigone n'existe pas

• Un cri de révolte

​​Peut-on gérer sa révolte comme une SARL (Société À R​esponsabilité Limitée) ? Une comédienne s’empare du mythe d’Antigone pour répondre à cette question.

Cheveux gominés, baskets soignées, l’héroïne est modernisée dans sa langue mais « à l’ancienne » dans ses valeurs : patronne d’une entreprise familiale, elle croit en la force du travail.​

​​Saura-t-elle se révolter face à son propre pouvoir ?

• La presse

« L’Antigone […] de Leslie Carmine, frêle mais forte est l’égérie en feu d’une révolte sociale qui ne va pas s’éteindre, que nous n’oublierons pas » Artistik Rezo

Note d'intention

« Est-ce que ce sont tes oreilles ou ton cœur que je blesse? ».

Voilà ce que répond Antigone de Sophocle, à qui lui dit de faire de sa colère « quelque chose de beau ».

Peut-être que le mythe d'Antigone, sacrifiée pour l'idée qu'elle se fait de la justice, nous représente un peu. L'omerta a remplacé le contrôle du Roi. Nous avons intégré l'auto-censure comme moyen de défense. En croyant lutter contre le système, on l'alimente. On est monarques, on est chefs d'entreprises. On est surtout bien seule.

Seule-en-scène, pour affronter le pouvoir, la révolte et l'impuissance. Tout à la fois. Antigone dans son plus simple appareil, c'est une femme qui se lève face aux puissants et devient le visage d'une lutte pour la justice, jusqu'à la mort. Dans la Tragédie, c'est fort. Dans la vraie vie, on se questionne. Parce que dans la vraie vie, Antigone aurait aussi pu reprendre l'entreprise familiale. Antigone patronne, incapable de vivre son propre mythe. Une Antigone en proie à ses contradictions. Une Antigone à qui on aurait appris à se taire.

Alors on se sentirait un peu moins seule.

On voudrait une Antigone qui nous autorise à croire, parfois, aux bienfaits du capitalisme et à la légèreté d'une vie sans se révolter. On aurait le droit le lendemain, d'exploser de rage face aux injustices qui nous entourent, qui nous pénètrent.

Sur scène, notre Antigone sera tout ça. Notre Antigone, c'est le fruit de nos contradictions, révélées par le théâtre tel que nous aimons le voir, un théâtre qui préfère interroger plutôt que de répondre.

L'Antigone de Sophocle est celle qui dit non. Notre Antigone est celle qui dit « je ne sais pas ».

Entre convictions et ambitions, peut-être que la seule issue pour Antigone est celle dont chacun rêve: un peu de tendresse.