Antoine et Cléopâtre…

Dans une Rome aux dimensions du monde depuis la mort de Jules César, trois hommes se disputent le pouvoir : c’est l’ère du triumvirat. Soit Octave, le fils adoptif de César, Lépide et Marc-Antoine, pro-consuls.

Le premier règne sur l’Europe, le deuxième sur l’Afrique, et le troisième sur l’Orient.

Marc-Antoine gouverne son empire depuis l’Egypte où il vit une passion charnelle et tumultueuse avec la souveraine Cléopâtre, préférant les voluptés orientales aux intérêts politiques qu’exige Rome.

Son épouse Fulvie, après avoir vainement tenté de le rappeler à ses devoirs en soulevant une guerre, meurt. Marc-Antoine doit alors délaisser les charmes de ses amours égyptiennes pour répondre de ses actes auprès de celui qui reste son empereur, Octave.

Honneur, ambition, pouvoir, stratégie et stratagème conduiront Marc-Antoine à épouser la sœur d’Octave, afin de sceller un pacte fraternel de paix et resserrer les liens entre les triumvirs.

Mais en déclarant seul la guerre à Pompée, Octave renvoie Antoine dans les bras de l’Egyptienne, qui, souveraine avant tout et soucieuse de préserver son empire, blessée par cette mascarade matrimoniale, exige de Marc-Antoine la preuve absolue de leur amour : s’opposer à Octave et renoncer par là-même à son appartenance au triumvirat. Se soumettant au désir et à l’amour plutôt qu’au devoir, Antoine s’exécute : soutenu et secondé par Cléopâtre, il décide de mener combat contre Octave. C’est la bataille d’Actium.

Obéissant à son effroi dans le bruit et le feu de cette " bataille d’hommes ", où s’affrontent les deux maîtres du monde, craignant de perdre celui qu’elle aime, Cléopâtre, à bord de l’Antoniade, prend la fuite.

Marc-Antoine la suivant, reconnaît ainsi son ignominieuse défaite et constate alors, impuissant, la désertion de ses plus fidèles compagnons. Bien qu’accablé par la honte de l’honneur bafoué et perdu, Antoine retenu par sa passion exaltée et effrénée pour l’Egyptienne, pardonne à cette dernière. Mais homme d’orgueil, il sollicite auprès d’Octave un combat singulier. Le jeune empereur refusant le duel, reste sourd aux requêtes de son ancien compagnon, et n’accepte les exigences de Cléopâtre qu’à la condition que celle-ci chasse son illustre amant d’Egypte ou qu’elle le tue.

Aux propos du messager romain, et craignant que l’Egypte ne se rallie à Rome, Antoine s’engage dans un ultime affrontement avec Octave, alors aux portes d’Alexandrie.

Mais il ne peut y avoir de guerre : les légions d’Antoine ont rejoint le jeune romain. Seul, face à ses propres hommes dont il réclame en vain l’assaut, Antoine ne peut que constater sa défaite absolue. Trahi, déchu, il ne peut trouver de salut que dans la mort : il prie son dernier compagnon, le jeune Eros de l’occire. Eros refuse et préfère se donner la mort. Antoine, devant cette épreuve de dignité et d’honneur, se suicide.

Amené agonisant au tombeau de l’Egyptienne, où la souveraine s’est réfugiée devant l’arrivée aux portes de sa ville du désormais empereur du monde, Antoine, expire dans les bras de celle pour qui il mena ce combat, celle qui lui donna bien plus qu’honneur et gloire, l’amour.

L’Egypte, vaincue, doit se soumettre alors à Rome, qui souhaite réserver un accueil conquérant à la souveraine déchue. Mais jamais cette reine ne se laissera enchaîner au char du vainqueur. Bien au contraire. Marc-Antoine disparu, il ne lui reste plus qu’à accomplir ses noces mystiques avec celui qu’elle rêvait en empereur, transcender leur amour au travers de la mort. Elle meurt, le baiser de l’aspic et le nom d’Antoine sur les lèvres, offrant ainsi en pâture à ce monde de mortels aux mains romaines la magnificence d’une union divine entre deux êtres d’exception, hommes parmi les dieux, dieux parmi les hommes, en quête d’éternité.