« À imaginer une performance dans un édifice de 105 mètres de long, 43,5 m de large et 33 m de hauteur, il y a quelque chose d’un peu intimidant. Surtout qu’il s’agit ici de musique, et je ne peux m’empêcher de penser à tous les sons qui ont fait résonner l’église Saint-Eustache au cours du temps. Qu’en reste-t-il ? Aucun fossile, aucune empreinte, tout juste la mémoire des humains qui ont été présents. L’église, elle, demeure, immense caisse de résonance, squelette d’un instrument géant, paléontologique.
C’est une histoire d’échelle, d’ordre de grandeur, comme sur ces images où l’on voit une souris mise en rapport avec le pied d’un éléphant. Sous le poids et la verticalité des pierres, redescendons au plus bas, laissons la place au doute, au ténu, à l’incertain, restons au sol, ici-bas. Tentons un dialogue avec le lieu, en l’interrogeant, en le métamorphosant par nos questions. Faisons apparaître en allégeant, révélons en supprimant. Utilisons la force impermanente de la musique, qui se fait en se défaisant, qui se tisse en se détricotant, pour transformer le lieu et l’imaginer éphémère. Disparaître, dans cette pièce, pourrait être cela : faire apparaître la disparition, dés-apparaître, donner forme à cet effacement continu du sonore. »
Antonin Tri Hoang, mars 2019
Place du Jour 75001 Paris